Le creux de la vague a été enregistré en avril 2020. Nul ne souhaitait créer d'entreprises dans le contexte. Par ailleurs, les greffes et les différents réseaux administratifs étaient fermés. Dans les secteurs que j'ai mentionnés, le retournement de tendance excède le niveau du rattrapage. L'économie s'adapte donc à la demande.
S'agissant de la consommation, la métrique utilisée pour établir des comparaisons avec la période précédant la crise montre que le niveau de cette période avait été retrouvé dès l'été 2020, avant de subir une nouvelle baisse en novembre. Pour le premier trimestre 2021, qui aura été peu impacté par les nouvelles restrictions, la croissance était attendue à 1 %. Le PIB devait s'établir 4 % en dessous de son niveau avant la crise, à un montant à peu près similaire à celui de l'été 2020, du fait de la conjugaison de résultats satisfaisants dans le secteur industriel et de la poursuite des difficultés pour les secteurs de l'hébergement, de la restauration et de l'événementiel.
Nous prévoyions, avant l'entrée en vigueur des nouvelles mesures, une augmentation de 1 % du PIB pour le deuxième trimestre, qui aurait suscité un acquis de croissance de 5,5 % à l'issue du premier semestre 2021. L'objectif de 6 % fixé par la loi de finances initiale pour 2021 restait accessible.
Après plusieurs mois d'inflation nulle, nous constatons qu'elle devrait atteindre, voire dépasser 1 %, en raison de la hausse des prix de l'énergie, dont ceux du pétrole. Le pouvoir d'achat des Français a légèrement augmenté en 2020 (+ 0,6 %), alors que le PIB baissait de 8,2 %. Les impacts de la crise sont supportés en premier lieu par les administrations publiques, puis par les entreprises, alors que les ménages ne la subissent pas. Cette configuration se maintiendrait au deuxième trimestre 2021.
Les indicateurs permettant de juger de l'effet favorable des soldes montrent un dynamisme bien moindre, surtout la première semaine, que les années précédentes. Ce constat atteste de la position entre lassitude et résistance qu'affichent les consommateurs.
Si la moyenne d'augmentation du pouvoir d'achat s'établit à 0,6 %, certains Français ont gagné davantage, tandis que l'écart entre ces derniers et ceux qui ont perçu un moindre revenu pourrait avoir augmenté. Pour analyser et vérifier cette conjecture, nous avons utilisé une étude de données réalisée sur des échantillons de clients du Crédit Mutuel, qui ne sont pas nécessairement représentatifs de la population française. Cette étude montre que la consommation a baissé en 2020, à toutes les échelles de revenus. La diminution a cependant été plus importante pour les plus hauts revenus, qui subissent plus les contraintes relatives au secteur de l'hébergement et la restauration, aux voyages, etc. Les revenus ayant eux-mêmes peu baissé, le patrimoine, soit les encours financiers, a augmenté pour ceux qui en disposent le moins comme ceux qui affichent le plus élevé. Le nombre de ménages en surendettement, selon les normes de la Banque de France, a baissé. Enfin, comme le confirme la BNP, la proportion de comptes de particuliers à découvert a diminué par rapport à la situation d'avant la crise, et ce quel que soit le revenu et quel que soit l'âge.
L'hypothèse que cette légère hausse du pouvoir d'achat des ménages cache des situations individuelles difficiles ne parvient pas à être clairement établie. Un travail est engagé avec la Banque Postale, qui accueillerait davantage de clients concernés, sachant que les cas les plus dramatiques sont ceux de personnes non bancarisées. Il reste difficile d'établir qu'une population importante aurait basculé dans la pauvreté.