Intervention de Frédéric Petit

Réunion du mardi 1er juin 2021 à 21h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Petit, rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères :

Le programme 185 est celui de la diplomatie culturelle et d'influence – on dit parfois de la francophonie, mais je préfère quant à moi parler de la présence active de la France dans le monde.

Je voudrais d'abord décerner un satisfecit, monsieur le secrétaire d'État, concernant l'année 2020 et la gestion de la crise dans ce domaine. La réaction que nous avons eue tous ensemble a été une réaction démocratique, dans le sens où il n'y a pas de démocratie sans dissensus et qu'au début nous avons dû nous expliquer, parfois longuement, parfois vivement ; mais en définitive les dispositifs que nous avons réussi à élaborer, avec 250 millions d'euros au total, se sont révélés tout à fait extraordinaires et bien ciblés. Nous avons fait du bon travail.

Je regrette une chose, dont nous avons déjà souvent parlé : une partie de cet argent n'a pas emprunté les canaux que nous avions construits. Je pense aux 50 millions d'aides sociales, qui n'ont pas transité par les conseils consulaires, ou encore à un certain nombre de petites aides de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), qui auraient pu être distribuées en faisant davantage appel aux forces de terrain.

Voilà qui m'amène à la question des opérateurs. À cet égard, je rejoins Vincent Ledoux, qui a travaillé sur le rôle de ces derniers, en particulier cette année sur celui de Campus France. Nous avons des opérateurs qui ont réussi le pari de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF). Je le dis de manière solennelle car je crois que c'est vrai. Campus France, Expertise France, Atout France sont des opérateurs qui ont compris à quoi servait la LOLF et quel en était l'esprit. Nous créons avec ces organismes de vrais outils diplomatiques : ils ne viennent pas en complément d'une forme de diplomatie plus noble, ce sont des outils diplomatiques aussi important que les autres.

Toutefois, certains opérateurs doivent encore être réformés. Je pense en particulier à ceux du réseau culturel. La tête de réseau pose problème. Il y a, d'une part, la fédération des alliances françaises, et d'autre part l'Institut français. Il est vrai que la crise a fait bouger les lignes : des choses très intéressantes se sont produites, une réflexion interne a été engagée. Les auditions que j'ai menées en vue du Printemps de l'évaluation me l'ont confirmé : nous allons avancer, non seulement en ce qui concerne le travail commun mais également dans la manière d'aborder les questions.

L'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) est le principal opérateur du programme : sur les 800 millions d'euros de l'ensemble, il en consomme 500. Vous connaissez mon avis, monsieur le secrétaire d'État, je vous l'ai écrit et je le dis depuis plus longtemps encore : si cet opérateur était adapté à la mission qu'il a dû accomplir au cours des trente dernières années – il a réussi à construire un réseau – il n'est pas organisé pour franchir l'étape suivante, telle qu'elle a été définie par le Président de la République, à savoir le doublement des élèves de ce réseau.

J'ai donc deux questions à vous poser. D'abord, quand séparera-t-on la gestion des 15 % d'établissements relevant directement de l'État et celle des 85 % restants, qui sont des structures locales ? Cela faciliterait notre travail de contrôle : nous pourrions ainsi savoir où va l'argent du contribuable et à quoi il sert exactement. Je vous ai fait des propositions à cet égard.

Ensuite, quand recrutera-t-on le directeur de l'AEFE sur concours ? À mon avis, il est indispensable que ce poste stratégique soit confié pour quatre ou cinq ans, comme on l'a fait pour Expertise France et Campus France, à quelqu'un qui s'engage sur un objectif, puisque nous avons dorénavant un objectif à dix ans, et qui soit choisi pour ses compétences particulières – au lieu d'un titulaire nommé dans le mouvement des ambassadeurs, qui arrive après avoir exercé un poste ne préparant pas forcément à ces fonctions et qui change tous les deux ans et demi.

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