Intervention de Vincent Rolland

Réunion du mardi 1er juin 2021 à 21h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVincent Rolland, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques :

Dans le droit fil du propos d'Émilie Bonnivard, je me concentrerai à mon tour sur les conséquences de la fermeture des remontées mécaniques sur l'activité touristique en montagne.

Le tourisme d'hiver en montagne est un véritable atout pour notre pays : il représente environ 10 milliards d'euros de retombées économiques, et la France se hisse dans le top 3 mondial des domaines skiables. La montagne a subi de plein fouet la crise sanitaire. Plusieurs études montrent que les retombées économiques de cette saison sont inférieures de plus de 70 % au chiffre d'affaires d'une saison normale. On pourra regretter encore longtemps que les autorités françaises n'aient pas suivi l'exemple de la Suisse voisine, où des protocoles spécifiques ont permis de maintenir les remontées mécaniques ouvertes sans pour autant créer de clusters.

Des dispositifs d'aide spécifiques ont progressivement été déployés pour tenter de limiter les effets de la crise. De nombreux acteurs de la montagne ont bénéficié du fonds de solidarité. Si les activités éligibles à ce fonds incluses dans les listes S1 et S1 bis ont été élargies au fil des besoins, tous les problèmes n'ont pas été réglés. En décembre 2020, la liste des communes situées en zone de montagne et particulièrement touchées par la fermeture des remontées mécaniques a également été fixée par décret. Leurs commerçants ont ainsi bénéficié eux aussi du fonds de solidarité, quand bien même certaines communes avaient été oubliées au départ. En mars 2021, une aide complémentaire a été instaurée afin de prendre en charge une partie des coûts fixes de ces différents secteurs d'activité, notamment dans les communes de montagne.

D'autres mesures ont permis de répondre aux spécificités de l'activité saisonnière, particulièrement présente en montagne. On peut citer l'éligibilité au chômage partiel ainsi que le PGE saison. Pas moins de 5 milliards d'euros ont déjà été mobilisés pour l'économie de la montagne. Par ailleurs, le Premier ministre a annoncé le 27 mai à Bourg-Saint-Maurice un plan Avenir montagnes d'un montant total de 640 millions d'euros, en bonne partie cofinancé par les collectivités locales. J'espère qu'il sera de nature à répondre aux fortes attentes en matière de capacité d'investissement sur le long terme.

Pour en revenir à la situation financière, deux sujets méritent une plus grande attention du Gouvernement : les oubliés de la montagne et le calendrier de levée des mesures temporaires.

Certaines professions installées dans les stations de ski et dont l'activité dépend en grande partie de l'ouverture des remontées mécaniques sont insuffisamment soutenues, voire pas du tout. C'est le cas de plusieurs professions indépendantes – salons de coiffure, cabinets d'esthétique, blanchisseries – ou des travailleurs indépendants qui ne peuvent retenir l'année 2019 comme référence car ils étaient en congé maladie ou maternité. La situation est analogue pour les reprises d'activité en 2019, les créations d'entreprises, les locations-gérances, les loueurs de meublés non professionnels et les doubles actifs. Les résidences de tourisme ont également sévèrement souffert de la crise. Il est important de prêter attention à la situation particulière de chacun de ces acteurs, qui ne correspond pas toujours parfaitement aux dispositifs prévus.

La fin des aides est aussi un important sujet de préoccupation. La plupart d'entre elles ont pour échéance le 30 juin et sont conditionnées à la cessation d'activité. Or l'activité va reprendre – mais de façon très progressive, sans permettre aux acteurs de la montagne de se refaire une santé. De plus, les activités liées aux sports d'hiver réalisent la quasi-totalité de leur chiffre d'affaires en quelques mois. Si les dispositifs de soutien leur ont permis de survivre cet hiver, les acteurs de la montagne ont besoin de tenir financièrement jusqu'à l'hiver prochain. Comment prolonger le soutien qui leur est apporté ? Certains dispositifs semblent pouvoir être prolongés, avec quelques adaptations : pouvez-vous nous en dire davantage ?

Quant à la filière des fabricants de remontées mécaniques et des fournisseurs de matériel, elle attend de nouveaux dispositifs.

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