En janvier dernier, nous apprenions que 212 millions d'euros du budget 2020 de la mission Enseignement scolaire avaient été annulés et reportés sur le budget 2021. En février, nous avons ensuite appris que 40 millions, puis 400 millions, étaient aussi reportés, ce qui fait un total de 650 millions économisés en 2020.
Ces crédits participent‑ils à l'augmentation de 1,8 milliard du budget 2021 dont vous vous êtes vanté ? Ne serait‑il pas plus honnête de parler de 1,2 milliard ?
Nous avons été surpris d'apprendre ces reports, qui étaient en fait des économies réalisées en pleine pandémie alors que le personnel manquait partout : pour les remplacements, pour la vie scolaire et pour les élèves en situation de handicap.
Mais vos économies ne s'arrêtent pas là. Je lis, dans le cadre du Printemps de l'évaluation, que 172 millions de crédits de paiement n'ont été ni consommés ni reportés, dont 24 millions dans le primaire. Ne pensez-vous pas que cette somme aurait pu servir pour remplacer des professeurs des écoles alors que, partout en France et particulièrement dans mon département, des enfants se sont parfois retrouvés à plus de cinquante dans la même classe faute de remplaçants ?
Toujours dans mon département, en raison de la pénurie de remplaçants par manque d'utilisation des listes complémentaires, vous voilà obligé de contractualiser avec les villes pour recruter des animateurs en lieu et place des enseignants. N'est‑ce pas du mépris pour l'une et l'autre de ces professions ? Est‑ce ainsi que vous pensez assurer une « élévation générale du niveau », pour reprendre les termes de votre communication, et la professionnalisation dont vous avez parlé ?
À cela s'ajoutent 104 millions non consommés dans le second degré, soit l'équivalent de plus de 2 000 postes d'enseignants alors que vous en supprimez 1 800 dans votre budget 2021, bien qu'on attende 23 300 élèves de plus. Pour être tout à fait honnête, ce sont 800 postes qui sont supprimés, les 1 000 autres étant compensés par des heures supplémentaires. Est‑ce là votre manière de revaloriser les salaires et de vous soucier des enseignants, qui travaillent déjà quarante heures par semaine ?
Les crédits destinés à la vie scolaire ont également été réduits de 25 millions, alors que les conseillers principaux d'éducation et les AED ont été la clef de voûte pendant la pandémie, notamment en l'absence d'enseignants, qu'ils sont aussi la clef du bon climat scolaire, au sujet duquel je viens de vous alerter, et que vous faites de l'inclusion scolaire votre priorité.
Il est passé le temps où vous pouviez brandir les dédoublements des grandes sections, CP et CE1 et le dispositif « devoirs faits » pour vous faire le chantre de la justice sociale. Dans mon département, « devoirs faits » représente 104 700 heures supplémentaires en lieu et place de 193 postes et de 120 ouvertures de classes. Ne pensez‑vous pas que des postes seraient plus importants ?