Intervention de Gérard Bekerman

Réunion du mercredi 7 juillet 2021 à 11h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Gérard Bekerman, président de l'Association française d'épargne et de retraite :

À l'AFER, nous ne sommes pas intéressés par une approche comptable de l'assurance vie. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir que, tous les quarts d'heures, un Français rejoint l'AFER. Qu'il verse un minimum de 100 euros ou qu'il ait eu la chance d'hériter pour verser un million d'euros, pour moi, c'est pareil. Nous ne sommes pas dans une optique comptable.

En dépit de la pandémie et de la crise, qui semble perdurer, même s'il y a des signes d'amélioration, cela n'a pas eu d'effet radical sur l'assurance vie et sur la collecte. Les prestations sont toujours là, la collecte est toujours là. Parfois, elle est positive, parfois elle est négative ; le problème n'est pas là.

Ce qui nous intéresse, c'est le nombre d'adhérents, et surtout celui des jeunes adhérents. Le PER me semble d'ailleurs avoir été un moyen de réconcilier les Français avec le besoin existentiel de protection contre les aléas et en faveur des retraites. Les 15 000 nouveaux adhérents de l'année dernière, voilà ce que nous regardons.

Quant aux chiffres comptables, c'est le rôle de l'assurance vie que de financer des avances et de permettre des rachats, c'est-à-dire des retraits d'épargne pour faire face aux impôts, aux dépenses de santé ou à d'autres obligations. Nous ne sommes pas tourmentés par la décollecte. D'ailleurs, techniquement, la décollecte favorise le taux : lorsque le gâteau est moins grand et qu'il y a moins de convives, les parts sont plus grosses. La décollecte est donc, d'un certain point de vue technique, positive.

Il faut dépasser la comptabilité de l'assurance-vie pour s'intéresser au véritable enjeu : moins de régulation, moins de contrôle, plus de liberté et une concurrence loyale entre les acteurs. L'assurance-vie, en France, est dominée par des modèles que l'Allemagne ne respecte pas. Ce sont essentiellement des grands groupes mutualistes ou des bancassureurs qui assurent l'essentiel de la distribution, ce ne sont pas tellement des compagnies d'assurances. Il ne faut pas juger inférieurs nos réseaux de distribution mutualistes et bancassureurs français par rapport aux assureurs « purs et durs » comme il en existe aux Pays-Bas, en Allemagne et dans d'autres pays européens.

La France a un rôle immense à jouer à cette heure cruciale de la révision de la directive Solvabilité II. Il faut harmoniser les structures de marché entre la France, l'Allemagne et les autres États membres de l'Union européenne, sans précipitation, comme nous avons construit l'euro. Harmonisons les structures de distribution, les conditions de marché entre les différents pays. Ne pénalisons pas la France par des révisions absurdes, excessives et déloyales à l'égard de la concurrence européenne, qui en est bien protégée.

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