Intervention de Jean-Paul Dufrègne

Réunion du mercredi 22 septembre 2021 à 15h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Dufrègne :

Ce dernier budget du quinquennat sonne l'heure du bilan. La majorité a loué la stabilité de la politique économique depuis 2017 ; je souscris entièrement à ce jugement, et le budget pour 2022 correspond bien aux standards habituels. Ne tournons pas autour du pot : vous êtes la majorité des riches.

Dans ce budget, aucune mesure fiscale nouvelle ; c'était annoncé de longue date, il n'y aura pas d'impôt de solidarité, même temporaire, après la crise. Pourtant, l'énorme stock d'épargne accumulé par les plus riches donnerait des marges de manœuvre ; mais vous êtes restés figés dans votre idéologie. Les baisses déjà votées seront reconduites : il y aura 6 milliards d'euros de prélèvements obligatoires en moins en 2022, du fait de la poursuite de la baisse de l'impôt sur les sociétés pour les plus grandes entreprises et de la suppression de la taxe d'habitation des 20 % les plus riches. Je le redis, vous êtes la majorité des riches.

L'extinction progressive des dispositifs de soutien à l'économie offre de nouvelles marges de manœuvre budgétaires qui vous permettront de distribuer quelques crédits nouveaux à certains ministères, à quelques mois des échéances électorales. Ce procédé et la faible consistance de votre budget ne sauraient cacher votre idéologie néolibérale, tournée vers la réduction des dépenses et de la place de l'État. En laissant planer en permanence le spectre de la dette publique et en refusant d'aller chercher l'argent là où il est, c'est-à-dire chez les plus riches et dans les grandes entreprises, vous ne faites que confirmer que, bientôt, vous irez le prendre chez les plus pauvres grâce aux réformes antisociales prévues de longue date, comme celles de l'assurance chômage ou des retraites.

Les quelques dépenses nouvelles, qui ne sont en fait que des rattrapages et qui sont un élément de la future campagne présidentielle, ne cacheront pas le bilan net d'un quinquennat des riches, marqué par des baisses d'impôts faramineuses pour ces derniers et par une hausse sensible des inégalités économiques comme du nombre de pauvres et d'allocataires des minima sociaux.

Monsieur le ministre, la répartition des richesses dans notre pays est très injuste, reconnaissez-le. Pourriez-vous envisager une contribution exceptionnelle des hauts revenus et des hauts patrimoines, dont le produit serait réservé au remboursement de la dette covid ? Ce ne serait que justice. Mais vous direz sans doute non, puisque vous êtes la majorité des riches.

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