Je partage ce qu'a dit M. Cornut-Gentille au sujet du huis clos lors des auditions. Néanmoins, dans un contexte marqué par l'augmentation des budgets d'armement à l'échelle mondiale et par la montée en puissance de certains États, nous pouvons aller plus loin dans le contrôle parlementaire quand une liberté d'expression existe grâce au fait que les propos tenus ne sortent pas à l'extérieur, la confiance nécessaire dans les commissaires à la défense étant un présupposé.
Je donnerai, moi aussi, un avis très favorable aux crédits prévus pour 2022. Ils permettront à l'armée de terre d'entamer véritablement sa phase de modernisation, après une phase de réparation dont nous observons déjà les effets bénéfiques sur le terrain. Je pense en particulier à la fidélisation, qui s'améliore grâce aux efforts de l'ensemble du ministère des armées.
Je voudrais appeler votre attention sur le bien-fondé de certaines dépenses au sujet desquelles il me semble nécessaire d'être vigilant.
J'ai consacré une partie de mon rapport à la démarche de simplification conduite par l'armée de terre afin de gagner du temps de préparation opérationnelle : on voit bien le rôle déterminant du numérique pour économiser du temps et des moyens. J'en veux pour preuve la modernisation de l'entretien des véhicules terrestres, qui s'appuie désormais sur des puces RFID (radio frequency identification) et sur des tablettes ICAR (interface de connexion automatique pour le recueil de données technico-logistiques), ce qui évite de nombreuses saisies manuscrites et fait gagner un temps colossal.
Élaborer des outils numériques mais aussi rustiques et sécurisés a un coût, mais cela revient, ni plus ni moins, à engager nos armées dans le monde du XXIe siècle, où nous devrons relever des défis logistiques, acheminer toujours plus vite et plus loin des hommes et du matériel et faire face à une surcharge informationnelle. La modernisation de nos équipements majeurs ne doit pas faire oublier les besoins de modernisation dans le maintien en condition opérationnelle (MCO) ou le commandement. Les ressources humaines et financières qui leur sont consacrées sont-elles suffisantes ou courent-elles le risque d'être évincées par d'autres dépenses ? Voilà la question qui se pose.