Intervention de Éric Alauzet

Réunion du vendredi 22 octobre 2021 à 15h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Alauzet, suppléant M :

Avec 2,98 milliards d'euros, les crédits de la mission Action extérieure de l'État sont en hausse de 50,3 millions par rapport aux crédits ouverts en loi de finances initiale pour 2021, soit une progression de 1,7 %. La hausse bénéficie aux trois programmes.

Pour ce dernier exercice de la législature, notre collègue Vincent Ledoux a souhaité mettre en lumière des initiatives qui, si elles peuvent apparaître budgétairement marginales, montrent que notre administration diplomatique et consulaire, qu'il a eu le plaisir de découvrir au cours de ces quatre dernières années, s'ouvre et innove.

La première caractéristique du projet de budget pour 2022 est la priorité donnée aux ressources humaines du ministère de l'Europe et des affaires étrangères, qui constituent son premier atout. La réussite d'aucune autre politique publique – à part peut-être l'enseignement – ne repose à ce point quasi exclusivement sur les relations humaines et l'engagement des agents.

La crise sanitaire a montré que la réduction des effectifs du Quai d'Orsay, quasiment ininterrompue depuis 2007, avait atteint ses limites. La trajectoire de réduction de la masse salariale du programme Action publique 2022 a été interrompue l'an dernier : c'était absolument indispensable pour préserver notre outil diplomatique. Le Quai d'Orsay aura tout de même rempli 80 % de son objectif. Le budget pour 2022 confirme la stabilisation des effectifs, avec une augmentation du plafond d'emplois de 43 équivalents temps plein travaillés (ETPT), destinée à doubler le nombre d'apprentis recrutés au Quai d'Orsay.

Au-delà d'un objectif commun à l'ensemble des administrations, cette évolution s'inscrit dans la volonté du ministère de se tourner vers la jeunesse, de diversifier les profils recrutés et d'œuvrer à la diffusion d'une culture diplomatique dans la société à travers la jeunesse. C'est également le sens de l'Académie diplomatique d'été, qui permet de faire découvrir les missions et les métiers de la diplomatie à des lycéens et à des étudiants.

En cohérence avec cette volonté d'ouverture et avec la réforme de l'encadrement supérieur de l'État, 2022 verra la création d'une École diplomatique et consulaire (EDC), qui réorganisera les offres de formation existantes pour professionnaliser les parcours à tous les stades de la carrière. Cette création s'inscrit dans le cadre d'une réforme des ressources humaines, pour laquelle 30 millions d'euros sont budgétés, qui comprend également, dans un souci d'équité entre les différentes catégories d'agents, des mesures salariales, un accompagnement à la mobilité et une augmentation de l'offre de logement social.

Deuxième priorité de ce budget : l'immobilier. Longtemps sous-financé par les produits aléatoires des cessions immobilières, l'entretien lourd des bâtiments à l'étranger a bénéficié d'un effort important en 2021. Cet effort est maintenu et amplifié en 2022, grâce à une dotation de 36 millions d'euros du compte d'affectation spéciale Opérations immobilières et entretien des bâtiments de l'État venant s'ajouter aux crédits du programme. Ceux d'entre nous qui ont effectué des missions à l'étranger le savent : cet effort est indispensable, et il faudra le maintenir dans la durée.

Troisième priorité : la modernisation des moyens de fonctionnement du ministère et des services rendus aux usagers, en particulier grâce au numérique. Le centre de contact consulaire est expérimenté depuis le 13 octobre, le déploiement du registre de l'état civil électronique se poursuit et les Français établis hors de France devraient se voir offrir, pour la première fois en 2022, la possibilité de voter par internet pour l'élection de leurs députés.

Du côté de l'administration, que la crise a poussée à une numérisation à marche forcée, de nouvelles pratiques de fonctionnement à distance s'ancrent au quotidien grâce à des outils de sécurisation des communications audio et vidéo, qui permettent une communication plus fluide et efficace.

Les efforts se poursuivent en outre pour assurer l'intégrité d'un réseau privé mondial objet de cyberattaques toujours plus sophistiquées, pour remettre à jour les applications vieillissantes et pour doter les agents des outils nécessaires au travail à distance dans les conditions de sécurité qu'imposent leurs fonctions tout en veillant à ce que certaines catégories d'agents ne se sentent pas exclues.

Le ministère revoit également ses modes de communication pour répondre plus efficacement aux campagnes de dénigrement et de désinformation contre la France, en incluant de manière plus étroite dans sa stratégie les relais dans la société civile des pays concernés et les diasporas.

Pour ce qui concerne la diplomatie culturelle et d'influence, le rapporteur spécial salue un nouvel effort en matière de contributions volontaires aux organisations internationales, afin de renforcer la voix de la France dans le multilatéralisme ainsi que le retour à leur niveau d'avant la crise des bourses du Gouvernement à destination des meilleurs étudiants étrangers.

Enfin, le rapporteur spécial rappelle son attachement à la territorialisation de la diplomatie. Les conseillers diplomatiques auprès des préfets de région ont trouvé leur place dans les équipes et dans le déroulement de la carrière des diplomates. C'est une démarche à approfondir : Vincent Ledoux milite d'ailleurs pour un triangle ambassadeur-préfet-président d'exécutif en vue de multiplier les échanges.

Il donne un avis favorable à l'adoption des crédits de la mission.

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