Je tiens moi aussi à remercier M. le rapporteur spécial pour l'ouverture dont il a fait preuve dans ses avis sur les amendements.
Comme nous sommes en train de discuter des chiffres de la mission, je commencerai par vous en rappeler quelques-uns. Outre-mer, le taux de pauvreté est deux à quatre fois supérieur à celui enregistré dans l'Hexagone – et même cinq fois s'agissant de Mayotte. Le revenu médian y est inférieur de 30 %. On note jusqu'à 38 % de différence de prix pour les denrées alimentaires. Le taux de chômage en Guadeloupe et à La Réunion atteignait 17 % en 2020, soit deux fois plus que dans l'Hexagone. Dans les outre-mer, le nombre de logements insalubres est estimé à 100 000 par le ministère de la transition écologique, et 70 % de nos compatriotes ultramarins sont éligibles aux logements sociaux.
Si la crise sanitaire a bouleversé les hôpitaux et les modes de vie dans l'ensemble du pays, elle a constitué un véritable cataclysme dans les outre-mer. Des soignants venus de l'Hexagone pour prêter main-forte à nos compatriotes guadeloupéens et martiniquais ont parlé de « maltraitance sanitaire ». Les hôpitaux y sont saturés et manquent de masques, de gants, de médicaments, de respirateurs et de lits.
Surtout, et je ne saurais insister suffisamment sur ce point, les Ultramarins ne peuvent même appliquer un geste barrière essentiel, qui nous est pourtant demandé partout, à savoir se laver les mains : en Guadeloupe ou en Martinique, les réseaux de canalisation sont en ruine, les habitants souffrent de coupures d'eau quotidiennes et de « tours d'eau », s'approvisionnent avec des citernes qu'ils ont eux-mêmes payées. À La Réunion, d'après l'agence régionale de santé, 52 % des foyers n'ont pas accès à une eau dont la sécurité sanitaire est satisfaisante ; en Guyane, près de 20 % des résidences principales ne sont pas équipées de douches ; à Mayotte, 30 % des logements ne disposent pas d'un accès à l'eau courante. Oui, collègues, nous parlons bien de la cinquième puissance économique du monde, dont une partie de la population n'a pas accès à ce droit fondamental qu'est le droit à l'eau. Je regrette donc, dans cette discussion budgétaire, que La République en marche refuse de prendre les mesures d'urgence, et même de moyen et de long termes, nécessaires pour garantir ce droit à l'eau, notamment l'investissement dans la rénovation des réseaux.
Je regrette aussi que vous refusiez de plafonner les prix des aliments de première nécessité, d'augmenter le nombre de soignants, d'investir dans les infrastructures sanitaires – j'en passe. Le projet de budget qui nous est présenté montre une fois encore que les outre-mer sont le parent pauvre de votre politique. Alors que nos compatriotes traversent une crise sociale et sanitaire sans précédent, il aurait fallu mettre en œuvre un véritable plan d'urgence sociale. Nous voterons donc contre l'adoption de ces crédits, qui ne sont pas à la hauteur des enjeux, alors qu'il y va de la dignité de nos compatriotes ultramarins.