Intervention de Yasmine Arsalane

Réunion du mercredi 26 janvier 2022 à 9h30
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Yasmine Arsalane, analyste « énergie » de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) :

Merci beaucoup, mesdames et messieurs les députés, pour ces questions.

Effectivement, le coût de production d'électricité en France qui repose, majoritairement, sur le nucléaire est beaucoup plus bas que dans les pays voisins. Cependant, la France reste exposée à l'Europe, étant interconnectée, et, dans un passé récent, nous avons assisté à des baisses de moyens de production d'électricité en France, notamment une indisponibilité du nucléaire qui a conduit la France a importé plus d'électricité qu'habituellement et l'a donc exposée aux fluctuations constatées sur les marchés.

Cela étant, en raison de cette moindre exposition, l'augmentation des prix au consommateur final a été bien moindre que dans les pays voisins – aux Pays-Bas, par exemple, ces prix ont augmenté de quasiment 150 % par rapport à la même période de l'année précédente.

Des questions m'ont été posées sur les perspectives de long terme et la méthodologie de ces prévisions parfois très divergentes. Il n'est jamais tout à fait évident d'établir des prévisions. Différents modèles sont utilisés. Pour notre part, nous évitons de faire des prévisions, nous envisageons plutôt différents scénarios, avec des marges d'incertitude, et d'en déduire différentes options.

L'Europe peut-elle se passer de la Russie pour son approvisionnement ? Nous l'avons vu pendant cette crise, une partie du GNL est beaucoup plus concurrentielle que le gaz fourni par pipeline en provenance de Russie. Cela profite aux pays émergents d'Asie car les prix sont plus hauts, et, dans nos prévisions, nous pensons que cet appétit pour le gaz des grands émergents asiatiques va perdurer, car il est très cohérent avec leur politique énergétique qui vise à se passer du charbon, pour des raisons climatiques et surtout pour des raisons de pollution atmosphérique en milieu urbain. Le gaz concurrentiel va donc être plutôt attiré vers les pays émergents d'Asie ; nous ne pourrons donc pas tout de suite nous passer de la Russie. Cela n'empêche évidemment pas de diversifier ses sources d'approvisionnement ni, surtout, avec des mesures d'efficacité énergétique ou d'électrification de certains usages, de diminuer notre dépendance au gaz. Et je rappelle une nouvelle fois l'importance du stockage, comme moyen de flexibilité dans ces périodes de tension.

Quant à la dépendance des marchés aux prix du gaz, en raison de ce mécanisme d'ordre de mérite de rémunération par la source marginale, cela permet une grande efficacité, en ce sens que les différents opérateurs peuvent recouvrir leurs coûts. Avec la transition énergétique, la tendance du prix de l'électricité est plutôt à la baisse, du fait d'un plus grand déploiement des renouvelables. D'autres mécanismes de rémunération sont donc envisagés pour les unités de production ; on peut penser aux mécanismes de capacité à valoriser la flexibilité qu'offre le gaz, ce qui va plus loin que la valeur énergie qui est reflétée dans ces prix de l'énergie. On peut donc envisager que ces mécanismes de détermination du prix qui aujourd'hui dépendent beaucoup du coût marginal puissent évoluer et, si des réformes plus structurelles sont menées, que ces marchés du gaz soient découplés de celui de l'électricité.

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