Mes chers collègues, l'audition de M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance, et de M. Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des comptes publics, marque la fin d'un cycle. Nous les avons souvent reçus pour évoquer les comptes publics, la situation financière du pays, le plan d'urgence face à la crise sanitaire et les plans de relance. Mais cette fois sera sans doute la dernière, alors que l'Assemblée nationale suspendra ses travaux très bientôt, à la fin du mois de février. Nous venons également d'entendre M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé, et plus tôt ce matin le directeur général de l'INSEE et le directeur général des statistiques, des études et de l'international de la Banque de France, ainsi qu'une spécialiste de l'Agence internationale de l'énergie, pour la dernière réunion de notre cycle « Au cœur de l'économie ».
Cette audition, à la veille d'une élection dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle est importante, nous permettra de revenir sur la situation financière de la France, d'évoquer son actualité et peut-être de brosser quelques perspectives valables quels que soient les prochains gouvernements et l'Assemblée nationale élue dans quelques mois. Messieurs les ministres, nous vous remercions de bien vouloir nous présenter les éléments dont vous disposez sur l'exécution du budget de l'État pour 2021.
L'année 2021, chacun en est conscient, est très particulière. En 2020, le déficit du budget de l'État s'est établi à 178 milliards d'euros. Les prévisions de déficit pour 2021 étaient très élevées, en raison de la poursuite de la crise sanitaire : elles étaient fixées à 152,8 milliards lors du dépôt du projet de loi de finances pour 2021 et s'établissaient à 173,3 milliards lors de son adoption. Elles ont été révisées à plusieurs reprises tout au long de l'année 2021, d'abord par la première loi de finances rectificative pour 2021, adoptée en juillet, et les reports l'accompagnant, qui ont porté la prévision à presque 220 milliards, puis par le projet de loi de finances pour 2022, qui l'a abaissée à 197,4 milliards, enfin par la seconde loi de finances rectificative pour 2021, qui l'a rehaussée à 210,1 milliards – on mesure l'incertitude qui dominait lors de la préparation des différents textes financiers.
Je crois savoir que l'exécution est finalement meilleure que prévu et très proche de la prévision figurant dans la loi de finances initiale, adoptée en décembre 2020. Cette bonne exécution s'expliquerait par une croissance du PIB plus dynamique en 2021, ce qui génère des recettes fiscales accrues, et par l'absence de décaissement, en fin d'année, de certains crédits d'urgence en faveur des entreprises. Cette amélioration du solde budgétaire aurait une traduction très concrète et significative sur le déficit public, toutes administrations publiques confondues, qui serait de l'ordre de 7 % en 2021.
Les nouvelles au sujet de l'exercice 2021 sont donc plutôt encourageantes. Il convient de les confirmer et de les mettre en perspective, en prenant en considération les développements économiques très incertains de ce début d'année 2022. Nous espérons que vous nous ferez connaître votre intime conviction sur ce sujet, nourrie par une expérience de cinq années à Bercy.