Je suis en accord avec le ministre de l'économie : il faut produire, je le dis depuis plusieurs années. Notre pays a oublié de produire. Or il n'y a pas de redistribution si l'on ne produit pas plus, ce qui permet aussi de choisir librement son destin individuel et collectif.
Produire plus, cela signifie augmenter la croissance potentielle. Ce matin, la Banque de France nous disait qu'une hausse d'un demi-point serait souhaitable – il y a une dizaine d'années, on parlait d'un point. Bref, une croissance potentielle de 1,2 ou 1,4 % ne suffit pas, même dans une France réformée, à équilibrer les finances publiques et à assurer notre souveraineté. La hausse de la croissance potentielle ne s'installera pas par miracle ; elle ne peut pas tenir uniquement au rebond consécutif à la crise du covid. Pour être durable, elle doit reposer sur un bouquet de réformes : l'augmentation du volume de travail, évidemment, et la hausse du niveau de qualification.
L'augmentation de la croissance potentielle est-elle suffisante pour redresser les finances publiques ? Non, selon le gouverneur de la Banque de France, et je partage son avis. Une hausse de 0,5 % des dépenses en volume, toutes administrations publiques confondues, est-elle selon vous un objectif atteignable ? Avec une telle règle, toutes choses égales par ailleurs, la France retrouverait dans dix ans une dette de 100 % : rien d'exceptionnel donc. Avec une cible de zéro volume, la hausse étant uniquement le fruit de l'inflation, la dette atteindrait 85 ou 90 %. Cela montre l'ampleur de l'effort qu'il nous faut produire. Y sommes-nous prêts selon vous ? Avons-nous un autre choix si nous souhaitons garantir la souveraineté, pas seulement financière, de notre pays ?
Enfin, alors que la presse se fait l'écho de la réticence d'EDF à l'égard des mesures imposées par le Gouvernement pour maîtriser les prix de l'électricité, quel est l'état de vos relations avec l'entreprise publique qui, outre un lourd endettement, a devant elle un mur d'investissements ? Peut-être à la veille de l'élection présidentielle faut-il faire accepter l'idée selon laquelle les prix de l'énergie vont augmenter de manière structurelle en raison des investissements que requièrent la transition et la souveraineté énergétiques.