Intervention de Charles de Courson

Réunion du mercredi 26 janvier 2022 à 17h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCharles de Courson :

Tout d'abord, pourquoi avez-vous financé la baisse des prélèvements obligatoires, qui est plus proche d'une quarantaine de milliards d'euros que de votre chiffre de 50 milliards, par l'endettement et non par une baisse de la dépense publique ? Entre 2017 et 2022, les dépenses publiques se sont accrues de 182 milliards. Pendant ce temps, le PIB a augmenté de 296 milliards. On a donc prélevé 61 % de la richesse supplémentaire créée pour financer la dépense publique. Et ne me parlez pas d'un effet covid : en 2022, ce dernier est estimé à 5 milliards, ce qui ne change pas fondamentalement le calcul.

Ensuite, le diagnostic que vous portez sur l'économie française n'est-il pas trop optimiste, pour ce qui concerne tant le taux de croissance potentielle que l'inflation pour 2022 ?

En 2021, vous aviez estimé le taux de croissance à 6,25 % ; on est à 6,70 %. Tant mieux – c'est un effet de rattrapage. Pour 2022, vous estimez ce taux à 4 % et l'INSEE plutôt à 3,6 %. Mais, à partir de 2023 ou 2024, on retombe à des taux de croissance de l'ordre de 1,5 ou 1,6 %. Lors des débats d'orientation des finances publiques de 2017 et 2018, vous expliquiez que votre politique permettrait de doubler le taux de croissance potentielle, qui passerait de 1,1 ou 1,2 % à 2,5 %. Nous en sommes très loin.

C'est l'inflation qui a doublé : vous l'aviez estimée à 1,5 %, nous sommes autour de 3 %. Et comme vous l'avez vous-même reconnu, l'augmentation des prix de l'énergie n'en explique que la moitié. Quelles en seront les conséquences sur les finances publiques ?

Enfin, le président de la commission des finances et d'autres députés l'ont dit, le problème de fond de l'avenir de nos finances publiques réside dans notre capacité à améliorer la compétitivité des entreprises françaises. Or cela n'a pas été le cas entre 2017 et 2022. C'est ce que montre le meilleur indicateur de la compétitivité : le solde de la balance commerciale. Notre déficit commercial, qui était de 58 milliards en 2017, est estimé à 95 milliards en 2022. Ce sont les chiffres – des chiffres brutaux. Vous n'avez fait qu'amorcer la baisse des impôts sur la production. Vous auriez mieux fait d'y consacrer les 23 milliards que vous avez utilisés pour supprimer la taxe d'habitation.

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