Intervention de Laetitia Avia

Réunion du mercredi 1er juillet 2020 à 16h05
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaetitia Avia :

Monsieur le Défenseur des droits, je tiens, à mon tour, à vous féliciter de votre action au cours de ces six années et de ce dernier rapport que vous avez produit, qui est très en prise avec l'actualité. Partout dans le monde, on assiste à une prise de conscience du racisme et de toutes les formes de discrimination.

Votre rapport évoque également la question de la justice car la justice doit être au rendez-vous lorsqu'une personne est victime de discrimination. Mais la justice repose toujours sur un minimum d'objectivation des faits, et c'est bien là que le bât blesse lorsque l'on évoque ce sujet sensible de la lutte contre les discriminations. Vous l'avez vous-même souligné, il s'agit souvent de discriminations liées à l'origine, mais de quoi parle-t-on ? De la couleur de peau ? Du lieu de résidence ? Des origines des parents ? De la religion ? Lorsque l'on est un jeune maghrébin musulman banlieusard, comment fait-on pour établir le fait discriminant et pour déterminer que l'on en est victime ? Je note d'ailleurs que votre rapport repose largement sur la notion de perception, ce qui pose une vraie difficulté dans la mesure où cette notion est forcément biaisée. Elle l'est par celui qui discrimine, surtout lorsqu'on parle de discriminations du quotidien. Les personnes discriminantes n'ont pas toujours conscience de leurs comportements ni de leur action discriminante. Elle peut être également biaisée par celui qui est discriminé. Je reviens, à cet égard, sur une partie très intéressante de votre rapport qui souligne que la discrimination crée un mal-être chez la personne discriminée. Or être discriminé et vivre un mal-être ont un effet sur le comportement et sur la perception de son environnement, qui est d'autant plus biaisée quand il s'agit d'établir si l'on est ou non victime de discrimination.

Si j'ai l'impression qu'il existe une prise de conscience collective sur les discriminations et que le constat est partagé, je trouve que l'on a du mal à trouver des solutions concrètes pour avancer. Après ces six années de mandat, quels éléments identifiez-vous qui nous permettraient d'aller au-delà de cette prise de conscience et de ce constat d'objectivation, non pas pour simplement les identifier, ce qui, certes, est nécessaire, mais aussi pour les éradiquer ?

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