Intervention de Marlène Schiappa

Réunion du mardi 28 juillet 2020 à 17h35
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, chargée de la citoyenneté :

Lorsque j'étais secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, nous avons fait progresser ensemble la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, promues grandes cause du quinquennat, notamment grâce à deux lois votées à l'unanimité. J'ai aujourd'hui l'honneur d'être ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, chargée de la citoyenneté. Mon décret d'attribution est prêt et sera publié en même temps que ceux de tous les ministres délégués.

Je salue la mobilisation de toutes et de tous pendant cette période de solidarité nationale post‑crise sanitaire. Si l'état d'urgence a pris fin le 10 juillet dernier, nous continuons à vivre dans une prudence sanitaire qui nous engage collectivement. Cet engagement de tous au bénéfice de chacun résume l'état d'esprit de mon ministère délégué. Ma feuille de route est claire : le ministère de la citoyenneté vise à défendre et à promouvoir les valeurs de la République – cohésion nationale, intégration des étrangers, respect du droit d'asile, défense de la laïcité, prévention de la délinquance et de la radicalisation, protection des femmes et des plus fragiles. Le ministre de l'Intérieur et moi-même partageons les mêmes valeurs et les mêmes objectifs. Nous souhaitons incarner, avec nos sensibilités respectives et, je crois, complémentaires, l'ensemble des champs d'intervention du ministère.

Je souhaite pour ma part défendre l'unité et l'indivisibilité de la République, dans les mots mais aussi dans les actes : la concorde nationale autour de la fraternité, qui ne se décrète pas, mais se construit. C'est appeler les pompiers quand la maison du voisin brûle, c'est prévenir la police quand on est témoin de violences conjugales – ne rien laisser passer ; c'est affirmer qu'aucune coutume ni aucune tradition ne peuvent être supérieures aux lois de la République. La laïcité est un bouclier : elle permet de croire ou de ne pas croire sans en être inquiété, de protéger les enfants du prosélytisme, de changer de religion ; mais surtout, elle nous permet d'être considérés comme des citoyens et des citoyennes indifféremment de toute appartenance. La laïcité à la française garantit tout à la fois l'égalité de traitement et la cohésion nationale : aucune religion, aucun courant de pensée, aucun groupe ne peut s'approprier l'espace public ou s'en prendre aux lois républicaines. La laïcité est le ciment de notre République, et je la défendrai avec intransigeance. Le Premier ministre a d'ailleurs annoncé un projet de loi sur la lutte contre les séparatismes, dont le ministre de l'intérieur vient d'esquisser les contours.

Ma conception est simple : la laïcité, point. Nul besoin d'y ajouter un adjectif – bienveillante, fermée, ouverte ou autre : la laïcité se suffit à elle-même. C'est un combat culturel qu'il nous faut mener pour promouvoir une vision des valeurs de la République qui fait sens, en opposition aux discours communautaristes qui trop souvent progressent partout où la République recule, notamment chez les plus jeunes. Le ministre de l'Intérieur et moi-même y travaillons, en lien étroit avec le ministre de l'éducation nationale. Promouvoir la citoyenneté, c'est aussi poursuivre notre travail auprès de la jeunesse, pour qu'elle ait la liberté de s'émanciper. À Chambord, dans le cadre de l'opération « Quartiers d'été », financée par le ministère de l'Intérieur, le Président de la République a rappelé que la crise a été un sacrifice colossal pour notre jeunesse et que, plus que jamais, nous devons faire preuve de solidarité intergénérationnelle.

Nous aurons à cœur de développer la réserve, dans la police et la gendarmerie, les écoles et chez les sapeurs-pompiers, car elle constitue un engagement auprès des nouvelles générations, une forme courageuse et admirable de parrainage citoyen, au service de l'autre dans cette période de repli sur soi. Ces valeurs universelles ont attiré, en 2019, près de 90 000 femmes et hommes de tous pays, aspirant à poursuivre leurs études dans le pays de Montaigne et Simone de Beauvoir, et près de 35 000 voulant exercer leurs talents dans le pays de Léopold Sedar Senghor et Agnès Varda. C'est notre fierté de pouvoir les accueillir et de leur garantir un parcours d'intégration : c'est le sens du contrat d'intégration républicaine, pivot de l'accueil des étrangers qui souhaitent s'établir en France.

J'ai la charge de renforcer l'efficacité et la lisibilité de nos politiques d'asile et d'accès à la citoyenneté. Les réfugiés et les demandeurs d'asile doivent recevoir l'aide que tout être humain est en droit d'attendre et voir leur dignité reconnue. Le ministre de l'Intérieur et moi-même veillerons à ce que soit tenu l'engagement du Président de la République et de la majorité présidentielle de réduire les délais de réponse aux demandes d'asile : nous souhaitons qu'ils soient ramenés à six mois au plus.

De nombreux dispositifs innovants ont pour objet de renforcer l'intégration des étrangers, et je salue à cet égard le travail de la direction des étrangers en France : ainsi le programme « Ouvrir l'école aux parents pour la réussite des enfants », qui s'adresse aux élèves étrangers primo-arrivants résidant en France.

Partout où le lien s'est distendu, nous réaffirmerons au quotidien les valeurs de la République : il faut défendre nos libertés, notamment contre le séparatisme, qui vise à établir ses propres règles en opposition à la République. Avec le secrétariat général du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR), nous lutterons contre la délinquance, la radicalisation, là où trop souvent l'uniforme est associé à l'ennemi. Par le rattachement de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) au CIPDR, nous combattrons mieux les dérives sectaires. Nous appliquerons la nouvelle stratégie de prévention de la délinquance, validée en mars dernier.

Le ministère de l'Intérieur, ce sont 290 000 personnes dévouées à la protection des autres, au péril de leur propre vie. Je salue l'engagement des policiers et des gendarmes qui, chaque jour, sauvent des vies de femmes. Je ne cesserai pas, dans mes nouvelles fonctions, d'être féministe ni de m'engager en faveur des femmes, bien au contraire. Avec Gérald Darmanin, nous souhaitons amplifier le travail engagé par Christophe Castaner lors du Grenelle des violences conjugales. Le ministère de l'Intérieur est le principal acteur de la sécurité des femmes, en termes d'engagement humain comme en termes financiers. Les forces de l'ordre réalisent un travail extraordinaire au quotidien pour protéger femmes et enfants. Nous n'aurons de cesse de les en remercier et de les y encourager, mais surtout, je m'assurerai qu'elles aient les outils pour agir. Nous veillerons à l'application et au suivi des mesures du Grenelle des violences conjugales grâce à l'engagement des directions et des préfets dans les régions et les départements. Nous agirons de même s'agissant des dispositions légales réprimant le harcèlement de rue : d'ores et déjà, pas moins de 1 610 amendes pour outrage sexiste auront été dressées en 2020. Enfin, la place des femmes à « Beauvau » et la féminisation des effectifs seront un axe important de mon action : je remercie Gérald Darmanin de m'avoir confié ce beau chantier afin d'atteindre la parité dans les postes à responsabilité.

Que l'on soit une personne LGBT+, une femme, un enfant victime de violence, on se tourne vers la police ou la gendarmerie. En tant que militante féministe, laïque et humaniste, comme en ma qualité de membre du Gouvernement, je crois en cette République qui protège et en notre capacité à rejeter et combattre les haines, en discours comme en actes.

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