Les rodéos urbains sont des incivilités, ensuite des délits routiers, mais surtout des drames car on ne compte plus ces motos, ces quads et même ces voitures qui traversent à toute vitesse en mettant en danger passants et enfants. Si nous n'intervenons pas, c'est d'abord pour protéger nos concitoyens : engager une course-poursuite pour rattraper des malfaisants dans des zones très fréquentées ne serait pas prudent. Dès lors que l'on n'est pas dans des conditions de mise en danger manifeste de la vie d'autrui, la consigne est de ne pas intervenir. Ce qu'il faut, c'est repérer, appréhender et condamner les coupables.
La vidéoprotection, de ce point de vue, est très efficace. La police nationale, et parfois municipale, peut repérer les auteurs des rodéos et retrouver les quads et les motos qu'il faut impérativement saisir. Les procureurs de la République font un travail essentiel en délivrant les réquisitions qui permettent aux policiers nationaux d'aller confisquer les objets des délits. Le principal problème, c'est l'accès aux garages et aux caves, notamment des bailleurs sociaux. Les pompiers ont un passe universel, mais ce n'est pas toujours le cas des policiers ou des gendarmes. J'ai donc demandé aux préfets de réunir tous les bailleurs pour trouver une solution pratique, qui pourrait même bénéficier du soutien financier de l'État : il faut que les policiers et les gendarmes de la République puissent pénétrer dans ces immeubles, mettre fin aux rassemblements intempestifs dans les caves d'escalier, poursuivre des gens qui s'y réfugient et saisir les véhicules dans les caves.
Il est une chose que ne savent pas bien faire la gendarmerie et la police nationale : la communication. Lorsqu'ils récupèrent une semaine après les trois quads qui « emmerdaient le monde », ils ne s'en vantent pas dans la presse quotidienne régionale. Je les encourage à apprendre à communiquer et informer les Français du travail très courageux qu'ils font. Ces rodéos donnent le sentiment que l'ordre républicain n'est pas respecté, que tout le monde peut faire n'importe quoi ; c'est un très mauvais signal pour tout le monde et qui plus est extrêmement dangereux.
Monsieur Diard, vous avez fait des propositions concrètes sur le suivi des fonctionnaires soupçonnés de radicalisation, notamment des fonctionnaires de police. L'attentat de la préfecture de police a sonné l'alerte et tous les ministères, dont celui dont je m'occupais à l'époque, ont dû prendre des dispositions – car la faute était collective. Ce matin encore, mon cabinet a organisé une réunion de suivi et je suis moi-même allé hier à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour m'assurer que les agents qui délivrent des agréments sont en nombre suffisant. Au 1er janvier 2021, les 45 équivalents temps plein seront au rendez-vous. Il faut encore en recruter une partie, et ce ne sont pas toujours les boulots les plus attractifs... Je rappelle que 1 900 ETP ont été recrutés depuis trois ans à la DGSI. Il ne m'appartient pas de donner un avis sur les propositions de loi constitutionnelles, mais je pense comme vous qu'il faut un suivi très attentif, et j'ai demandé aux préfets d'y travailler. Il ne faut pas faire preuve d'angélisme : certaines personnes n'ont rien à faire au service de la République et il faut les identifier.
L'amende forfaitaire pour usage de stupéfiants s'élèvera à 200 euros, minorée à 150 euros si elle est réglée dans les quinze jours et portée à 400 euros au-delà de quarante-cinq jours.
Je ne suis pas favorable à l'idée d'affecter la recette. Les recettes affectées, cela ne fonctionne pas très bien – prenez l'exemple du CAS radars, autrement dit compte d'affectation spéciale « Contrôle de la circulation et du stationnement routiers »… En revanche, il faut avancer sur la prévention et l'accompagnement. Ceux qui ont des addictions doivent être aidés et traités, ceux qui dealent du cannabis ou de la cocaïne doivent être poursuivis comme trafiquants, et condamnés : outre le fait que ce n'est pas une manière honnête de gagner de l'argent, il y a derrière ces réseaux de vente de cannabis d'autres organisations, beaucoup plus dangereuses.
Mais, au-delà des addictions, il y a des consommateurs, et souvent, justement, dans les beaux quartiers. Il ne faudrait pas se laisser aller, pardonnez-moi l'expression, à une schizophrénie générale : certains se plaisent à dénoncer des quartiers décrits comme des zones de non-droit propices aux larcins, alors qu'il s'y passe des choses magnifiques, que nombre de leurs habitants veulent s'en sortir et ne pas montrer à leurs enfants qu'on peut gagner 300 ou 400 euros par jour sans travailler – c'est le drame de la République –, et ce sont les mêmes qui n'hésitent pas à faire venir le dealer du même quartier pour lui acheter en toute tranquillité un peu de coke ou de cannabis pour leur consommation quotidienne ou pour animer une soirée ! Il faut aussi pénaliser les consommateurs, et singulièrement ceux de certaines classes sociales, qui savent exactement ce qu'ils font, et qui encouragent les trafics qu'ils dénoncent à la télévision, voire par leur bulletin de vote. Il faut arrêter l'hypocrisie : non, la drogue n'est pas qu'un problème de quartiers difficiles. Ce n'est pas leur problème, c'est leur drame !
L'amende forfaitaire infligée au consommateur, et singulièrement au consommateur en col blanc, est peut-être symbolique, mais c'est une très bonne chose pour la République. Encore faudra-t-il la recouvrer, et je sais de mes fonctions précédentes que ce n'est pas évident. Mais nous allons nous en donner les moyens.
Pour ce qui est des mortiers, les feux d'artifice, vous avez raison, monsieur Rudigoz, ils pullulent : on s'en sert pour attaquer les forces de l'ordre, cela fout « le bordel » dans les quartiers, cela empêche les gens de dormir, cela blesse parfois. Faut-il les interdire complètement ? Cela paraît séduisant. Dans votre département, monsieur le député, le préfet a interdit leur vente, mais cela n'a pas suffi car c'était uniquement autour du 14 juillet. En outre, il ne faudrait pas interdire la vente de feux d'artifice par d'honnêtes artificiers, qui vivent du commerce des farces et attrapes qui réjouissent tant M. Rebeyrotte ! Il faudrait probablement cibler les ventes en ligne par le biais de sites étrangers – on va rarement chez son artificier pour acheter des mortiers afin d'attaquer la police. Réfléchissons ensemble à une solution : s'il faut en interdire la vente, il faut le faire partout, y compris en ligne, ce qui n'est pas si évident. Mais je partage votre souhait et je suis prêt à y travailler.