Je comprends que le sujet passionne mais beaucoup de questions n'ont rien à voir avec les deux articles du projet de loi que je suis venu présenter. Des commissions d'enquête sont en cours sur la gestion de la crise et j'ai répondu à quatre questions au Gouvernement cet après-midi dans l'hémicycle.
Les mesures prises par l'Italie concernent les aéroports : un test datant de moins de soixante-douze heures doit être fourni avant de prendre l'avion de France vers l'Italie. Il ne s'agit pas de contrôle aux frontières pour les passages en voiture ou en train. Il me semble que les Français sont plus nombreux à aller en Italie par le tunnel de Fréjus que par avion, aussi ne suis-je pas convaincu de la cohérence de la mesure. Mon homologue italien, avec qui j'en ai discuté, m'a proposé d'appliquer la réciprocité. J'ai décliné, n'en voyant pas la nécessité : le virus circule moins en Italie qu'en France.
La coopération européenne est prioritaire depuis le premier jour. Certes, des États ont parfois fermé leurs frontières extérieures mais, la plupart du temps, c'est à l'intérieur même des États que des barrières ont été instaurées : l'Italie a confiné la Lombardie, la Vénétie et le Piémont au début de l'épidémie. De même, certaines régions allemandes ont parfois instauré des mesures unilatérales de contrôle aux frontières. Pour éviter ces aléas, avec tous nos partenaires européens, nous réfléchissons à des indicateurs communs afin que les mesures de gestion soient également claires pour tous, dans la mesure du possible. En dehors de la zone Schengen, les frontières de nombreux pays sont fermées.
Comment s'expliquent ces variations dans les mesures ? Certaines tiennent à la temporalité. Au cœur de l'été, le virus circulait beaucoup moins en France et nous étions plus ouverts que nos partenaires européens. Désormais, le virus a recommencé à circuler et c'est l'inverse qui se produit. Globalement, nous actionnons tous les mêmes leviers : les lieux de convivialité et de sortie – bars, restaurants, établissements qui reçoivent du public (ERP) –, les jauges de 50 à 1 000 personnes, et la réduction des interactions sociales. Nous sommes armés de la même manière et nous nous concertons beaucoup. Généralement, lorsque l'un prend des mesures, on l'interroge et on lui demande de fournir analyses et résultats. Il n'y a malheureusement pas trente-six façons de lutter contre le virus une fois qu'il s'est installé et qu'il circule.
S'agissant de StopCovid, si 18 millions d'Allemands ont téléchargé l'application allemande, 3 500 cas seulement ont été déclarés dans le logiciel. En France, avec un peu moins de 3 millions de Français connectés, près de 5 000 cas ont été déclarés dans le logiciel. Si l'objectif est d'identifier les cas contacts et de déclarer les cas positifs, notre système est le plus efficient. Certes, le virus circule plus chez nous. Mais nous n'avons pas à rougir. Nous allons malgré tout enrichir le dispositif – toujours de manière incitative – en le reliant à des bases de données numériques d'information et d'accompagnement des personnes qui l'ont téléchargé et qui souhaitent l'utiliser.
Il est absolument anormal d'attendre cinq, sept, voire dix jours pour se faire tester. Selon les dernières données dont je dispose, datant de la fin de la semaine dernière, environ deux tiers – 65 % – des Français ont leurs résultats en moins de quarante-huit heures. Bien sûr, on ne parle pas des trains qui arrivent à l'heure, seulement de ceux qui arrivent en retard. Il y en a encore trop. C'est pourquoi nous avons réorienté toutes les forces de dépistage affectées aux populations asymptomatiques vers les publics prioritaires, avec des horaires d'ouverture spécifiques et un contrôle administratif afin de vérifier que les personnes testées sont bien prioritaires.
Le Royaume-Uni est le seul pays qui fait plus de tests que nous ; depuis une semaine, il fait face à des délais monumentaux. L'Allemagne teste moins que nous ; elle a aussi beaucoup moins de malades ; pourtant, les délais sont du même ordre que les nôtres dans certains territoires et certaines villes. En Espagne, le sujet est géré par les régions : la situation varie en fonction du degré de circulation du virus et, où il circule, les délais sont les mêmes que les nôtres.
Personne n'a trouvé la martingale. Dès que la situation se dégrade et que le nombre de cas augmente rapidement, le dispositif sature. Ce n'est pas une excuse mais, il y a trois semaines, lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre, j'avais alerté : avec la fin des vacances, le retour au travail et la reprise épidémique, le bouchon allait mettre un peu de temps à se résorber. Nous sommes en train de régler le problème avec les laboratoires en multipliant les machines et en priorisant les publics à tester.
Les publics prioritaires au sein de la population qui se fait tester ne sont pas en minorité. Les individus symptomatiques représentent 28 % des personnes testées ; les cas contacts sont en moyenne trois par personne diagnostiquée positive ; avec les soignants, les aides à domicile et les autres professions exposées, quasiment deux tiers des personnes qui se font tester sont prioritaires. On ne peut pas non plus stopper complètement le dépistage en population asymptomatique : on trouve des cas et cela permet de casser des chaînes de contamination.
Madame Wonner, j'ai l'impression que vous me reprochez de ne pas avoir identifié de traitement. Mais je ne sais pas quels sont les traitements qui marchent. Vous-même prenez un traitement depuis des mois ; c'est votre droit, mais il ne marche pas. Il ne marche ni en France ni ailleurs. Certes, il est utilisé par des milliards de personnes mais contre le paludisme. Les pays encore peu touchés par l'épidémie sont de moins en moins nombreux, vous le constaterez. J'aurais adoré que cela fonctionne car nous sommes le premier producteur mondial de chloroquine ! Il y a d'autres traitements et d'autres pistes intéressantes en termes de vaccination. Ainsi, la dexaméthasone, un dérivé de cortisone, fonctionne bien. Cela ne coûte pas cher et ça réduit les cas graves de 20 %, donc aussi la réanimation et la mortalité.
L'outre-mer est un véritable sujet de préoccupation. Je ne veux pas donner l'impression de balayer le sujet. Je me mets à la place des personnes qui doivent aller outre-mer ou en revenir et qui n'ont pas pu réaliser les tests. Nos ressortissants qui voyagent régulièrement à l'étranger rencontrent le même type de difficultés. C'est pourquoi l'anticipation de ces déplacements est importante car il faut présenter un résultat de test de moins de soixante-douze heures. Avec le ministre des outre-mer Sébastien Lecornu, nous cherchons une solution administrative dérogatoire pour les outre-mer. Je ne peux pas m'engager devant vous à réussir. Mais nous y travaillons d'arrache-pied. L'innovation en matière de tests pourra peut-être aussi nous aider.