Intervention de Alain Tourret

Réunion du mardi 13 octobre 2020 à 17h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Tourret :

Dans une vie antérieure, j'ai attaqué l'État à de multiples reprises en raison de la situation scandaleuse des prisons et ma plus grande satisfaction était que des magistrats indépendants le condamnent. L'état des prisons est scandaleux en France métropolitaine mais aussi Outre-mer, ce dont personne ne parle. À La Réunion, à une certaine époque, il y avait deux prisons : une pour les Blancs, une autre pour ceux qui ne l'étaient pas, une prison où l'on mettait les élus – vingt-deux des vingt-quatre maires étaient emprisonnés –, une autre où on ne les mettait pas… Ces prisons étaient dans un état inimaginable : par moment, douze personnes étaient incarcérées dans une seule pièce, dont on les faisait sortir à 5 heures du matin pour éviter qu'ils s'entre-tuent. De grands progrès ont été faits, mais il faut se battre absolument parce que la dignité humaine suppose la dignité des conditions dans lesquelles on emprisonne les condamnés. Aussi bien, lorsque j'ai appris que le Président de la République proposait à une journaliste du Canard Enchaîné de venir contrôler nos prisons, j'ai pensé à Louis XVI nommant Beaumarchais pour apprécier l'état de l'Ancien régime… Après tout, Beaumarchais était quelqu'un d'exceptionnel !

J'ai discuté avec l'inspecteur général chargé des prisons de la présence des animaux de compagnie en cellule ; il m'a dit que c'était impossible. Pourquoi donc ne pas permettre à une personne incarcérée, éventuellement pour purger une peine très lourde, d'avoir son chat avec elle ? Après tout, pourquoi pas ?

Depuis que j'ai été élu pour la première fois, en 1997, je me bats au sujet des femmes enceintes et des mères d'enfants mineurs en prison. C'est un scandale absolu. Les Italiens interdisent l'incarcération des mères d'enfants âgés de moins de quatre ans. Je sais la présidente de notre commission très préoccupée par cette question ; battez-vous ensemble et faites, madame, que l'on puisse vous aider à ce sujet. Les femmes n'ont pas à être en prison, les mères d'enfants mineurs n'ont pas être en prison, elles ont déjà rempli leur devoir vis‑à‑vis de la société en ayant des enfants – et l'on sait d'autre part que les femmes ne récidivent pas, ou si peu. Les femmes représentent moins de 3 % de la population carcérale et moins de 3 % des détenues récidivent ; alors pourquoi les mettre en prison ? Battons-nous pour faire en sorte qu'avant la fin de cette législature, il n'y ait plus de mères en prison.

Enfin, pourquoi les détenus corses sont-ils à ce point séparés de leur famille ? La situation qui leur est imposée est scandaleuse. Certes, il y a parmi eux des terroristes et des criminels, mais ils ne le sont pas tous et cela ne saurait justifier que les familles n'aient pas le droit de se voir, alors que c'est la famille qui crée la possibilité d'une réinsertion dans la société ?

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