Le groupe de la Gauche démocrate et républicaine accueille favorablement cette proposition de loi, même s'il relève un écart entre l'ambition portée par son titre et la réalité du texte qui vise surtout à faire de l'accent une discrimination supplémentaire.
Cette proposition de loi réduit l'accent aux accents régionaux. Or on pourrait également prendre en considération les différences de vocabulaire, les disparités générationnelles ou de classes sociales. Cela me fait toujours sourire quand on évoque l'accent parisien : il existe un parler de l'élite française mais pas un accent parisien ! Pour entendre un accent francilien, venez en banlieue. Les mots utilisés et la façon de les prononcer font largement autant l'objet de discriminations que certains accents régionaux. Le parler de la banlieue comporte non seulement un accent, mais il dit, en plus, quelque chose de la classe sociale, ce qui n'est pas le cas de l'accent du Midi. Il entraîne ainsi une double discrimination. Ce n'est pas facile pour des jeunes ayant grandi dans ces quartiers, ayant toujours échangé de la sorte et qui, après avoir pu suivre des études supérieures, se retrouvent bloqués dans leur parcours professionnel à cause de leur accent, alors qu'il n'enlève rien, bien sûr, à leur intelligence et à leurs capacités.
Une petite élite fait effectivement preuve de condescendance à l'égard des accents. L'arrivée aux responsabilités du Premier ministre en a illustré la caricature. On a ainsi entendu des journalistes, je pense notamment à Bruno Jeudy, dire que c'était la garantie d'une politique ancrée dans les terroirs. Or M. Castex est l'archétype de l'élite technocratique, bien éloignée des terroirs. Son accent ne dit rien de son ancrage territorial ni de sa proximité avec nos régions.