Votre audition, monsieur le ministre, intervient dans un contexte tout à fait particulier. Depuis plusieurs mois, à l'occasion d'interventions des forces de l'ordre, se sont fait jour des pratiques que l'idée que l'on se fait, et que l'essentiel sinon la quasi-totalité des policiers et des gendarmes se font, d'une police républicaine conduit à réprouver : la violence excessive, la violence raciste. Elle est sans doute le fait de quelques-uns seulement mais la multiplication des faits divers finit parfois par constituer un fait social.
Il y a quelques jours, c'est place de la République que nous avons assisté à une opération de maintien de l'ordre extrêmement brutale. Il y a quelques jours encore, c'est un homme noir qui a été passé à tabac, avec une violence inouïe. À la fin de la manifestation d'hier, ce sont des policiers qui ont été molestés, avec une extrême violence. Dans les trois cas, ces images nous ont choqués et vous ont choqué. Nous en sommes à un point où il est légitime de se demander si les Français sont correctement protégés mais également si les policiers eux-mêmes le sont, dans leur vie privée, vous l'avez dit, et dans l'exercice de leurs missions.
Le Président de la République l'a rappelé il y a trois ans, je crois : les policiers ont une hiérarchie. Ils ont au-dessus d'eux des directeurs de la sécurité publique, puis des préfets et ensuite un ministre. Quand les ministres ne prennent pas leurs responsabilités, c'est l'institution policière qui trinque, sans nuance. Nous avons eu à connaître d'une proposition de loi mal ficelée qui a suscité beaucoup de contestation dans la rue ce week-end. La meilleure des façons d'assumer votre responsabilité, monsieur le ministre, ne serait-elle pas de reprendre le texte à zéro et d'engager un grand chantier qui pourrait consister en des états généraux de la sécurité publique, en travaillant peut-être sur certains des péchés capitaux que vous avez mentionnés ? Je regrette, s'agissant du premier, la formation, que les amendements à la dernière loi de finances que nous avions proposés aient été rejetés par le Gouvernement et la majorité.