Exactement. J'ai parfois reçu ses réponses et je suis ses recommandations, par exemple, je l'ai dit, dans l'affaire Théo.
Vous avez cité la Grande-Bretagne, je pourrais aussi citer l'Italie, l'Espagne ou l'Allemagne : ces pays ont l'équivalent d'une IGPN, qui fonctionne bien. Je le redis à M. Molac, le sujet n'est pas tant l'IGPN que les décisions que prend le pouvoir exécutif lorsque l'inspection fait des recommandations et les cas où elle peut en faire.
Madame Obono, il se peut que je me sois mal exprimé ou que vous m'ayez mal entendu à cause de la visioconférence, mais j'ai évoqué la discrimination et le racisme. Je partage évidemment votre dégoût devant tout acte de discrimination et, singulièrement, de racisme. Un léger coup d'œil à la sociologie des policiers vous fera toutefois voir que le corps est très ouvert et ressemble à la population. Ce n'est pas le cas de tous les corps de la fonction publique.
Mais, il est vrai que, de la part de ceux qui ont l'autorité, des propos et des actes racistes sont absolument inacceptables. En tant que ministre de l'Intérieur, un de mes premiers gestes a été de ne pas garder dans la police nationale un agent qui avait porté un écusson rappelant le Troisième Reich. Il a tout de même fallu que je prenne un acte positif pour l'empêcher.
Vous avez donc mille fois raison, et je suis prêt à travailler davantage, notamment mais pas uniquement, avec la LICRA. Cela fait d'ailleurs partie de la formation des agents publics. Sur ce point, je ne peux que partager votre constat.
Enfin, monsieur Peu, je suis d'accord avec vous sur un point et en désaccord sur un autre – ce n'est pas si mal. Je suis favorable à une loi d'orientation, que j'appellerais même loi de programmation de la police ou de la sécurité intérieure. Il manque une loi de programmation militaire à notre police et à notre gendarmerie. Je vais la préparer. C'est une demande du Président de la République.
Je la préparerai, et le prochain Président de la République – je souhaite personnellement que ce soit Emmanuel Macron –, le prochain Gouvernement, la prochaine Assemblée décideront de ce qui sera fait de cette loi de programmation, qui aura donné lieu à concertation, sera ficelée, organisée, financée. Vous avez raison de dire que, depuis le rattachement de la gendarmerie au ministère de l'Intérieur, il n'y a pas eu ce que vous appelez de vos vœux, une grande loi d'orientation, permettant de se poser pour savoir ce que l'on souhaite pour la police et la gendarmerie.
Enfin, vous évoquez le préfet Lallement. Il est toujours facile d'attaquer des gens qui ne sont pas là pour se défendre. Il se trouve que le préfet Lallement a un patron, le ministre de l'Intérieur. Je suis le ministre de l'Intérieur et je suis responsable de tous les préfets qui sont sous ma responsabilité. Je n'ai ni amour ni haine pour le préfet Lallement, que je n'ai pas nommé. C'est un fonctionnaire travailleur, placé sous l'autorité de son ministre, qui ne m'a jamais menti, qui occupe l'un des postes les plus difficiles de France, et qui a l'exigence de l'autorité politique au-dessus de lui, c'est-à-dire la mienne. Je le vois deux ou trois fois par semaine. Et j'ai constaté depuis que je suis en poste qu'il ne faillit pas à ses fonctions.
S'il y a quelqu'un à attaquer, c'est le ministre de l'Intérieur. Cessons d'attaquer les gens quand ils ne sont pas là. Lorsque l'on sert la République, quel que soit le poste que l'on occupe, être ainsi attaqué est très difficile à vivre. C'est vrai pour le préfet Lallement comme pour de nombreuses autres personnes.
Certains font de la politique et répondent devant le Parlement – je suis attaqué, je réponds, cela est normal. Le plus dur est sans doute de voir son nom attaché à des insultes alors que, toute sa vie, on a servi la République. Comme tous les préfets, comme tous les fonctionnaires qui sont sous mon autorité, le jour où je considérerai que les gens ne sont pas à la hauteur de leur tâche, j'irai voir le Président de la République ou le Premier ministre, et leur proposerai des changements.
Aujourd'hui, le préfet Lallement a toute ma confiance. Il fait des choses extrêmement difficiles – la manifestation de samedi s'est déroulée dans des conditions compliquées de tension médiatique et sur le terrain – et je ne suis pas de ceux qui tirent dans le dos des gens, surtout lorsque l'on est en difficulté.