Intervention de Olivier Marleix

Réunion du lundi 30 novembre 2020 à 18h15
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Marleix :

Depuis le début du quinquennat, il y a indiscutablement un malaise dans l'emploi que le pouvoir fait des forces de l'ordre. Le premier acte, le plus symbolique, a été, en juillet 2018, quand un proche collaborateur du chef de l'État a pu se glisser avec un brassard de police parmi les forces de l'ordre pour frapper un manifestant. On imagine le malaise des fonctionnaires de police devant un tel mélange des genres.

Ce malaise, c'est ensuite l'épuisement des forces de l'ordre, mobilisées week-end après week-end tout au long de l'année 2019 contre des manifestations du mouvement des « gilets jaunes ». En mai 1968, Georges Pompidou avait négocié les accords de Grenelle en trois jours ; le Président de la République a cette fois fait le choix de laisser pourrir le mouvement plusieurs semaines avant, finalement, de céder.

Le malaise, c'est la répression de crises à répétition que crée ce pouvoir depuis trois ans, dont celle autour de l'article 24 n'est qu'une ènième illustration. C'est enfin l'épuisement des forces de l'ordre, police et gendarmerie, mises à contribution de façon ingrate et parfois parfaitement stupide. Je pense au contrôle des attestations de sortie ces derniers mois, qui ont pris un temps précieux à tous ses personnels.

Cette agitation dont notre pays aurait dû faire l'économie intervient, faut-il le rappeler, dans un contexte de dégradation de la délinquance et de violences physiques accrues depuis le début du quinquennat. Il en résulte une surexposition permanente des forces de l'ordre, aussi déplorable pour nos concitoyens – on pourrait rappeler le nombre de victimes des manifestations de 2018 et 2019 – que pour les forces de l'ordre – samedi, il y a eu 98 blessés parmi elles, lors de la manifestation.

Vous faites un travail très difficile, monsieur le ministre. Je le sais car j'ai eu l'honneur de travailler auprès de personnalités qui ont laissé le souvenir d'être de grands ministres de l'Intérieur – Charles Pasqua, Nicolas Sarkozy, Claude Guéant. Leur point commun était le sang-froid et leur volonté de ne jamais exposer inutilement les forces de l'ordre. La force publique est au service de la paix publique et son usage doit être précautionneux. Elle est au service non pas du pouvoir, quel qu'il soit, mais de la loi.

Quand je parle des ministres de l'Intérieur, je pense aussi à toute la chaîne de commandement des forces de l'ordre. Monsieur le ministre, il y a urgence à réorganiser cette chaîne de commandement, dont vous avez rappelé que vous étiez l'ultime responsable.

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