Monsieur le ministre, le ton que vous avez employé ce soir et le contenu de vos propos tranchent nettement avec l'attitude envers l'opposition lors des débats sur la proposition de loi relative à la sécurité globale, et avec la réponse à ma question au Gouvernement la semaine passée. Est-ce l'affaire du producteur de musique qui a conduit à cette évolution ? Je l'ignore. En tout cas, cela vaut mieux que d'être traités d'extrémistes ou d'amis du crime, comme ce fut le cas alors que nous évoquions certaines idées que vous reprenez ce soir.
Vous avez parlé d'un problème peut-être structurel au sein de la police. Le terme structurel a toute son importance, car lors de la dispersion des personnes présentes sur la place de la République, à laquelle j'ai assisté, le problème ne tenait pas à deux ou trois policiers faisant un geste de trop, mais à la volonté d'évacuer coûte que coûte la place, sans égard pour la population en face – il s'agissait de gens pacifiques – et avec trop peu de policiers. Et les affaires comme celles du producteur de musique sont trop fréquentes, sans que des caméras en saisissent toujours les images.
Vous avez parlé de formation, d'encadrement, de problèmes de matériel, des conditions de vie des policiers, de la possibilité de réforme de l'IGPN et des rapports entre la police et la population. Nous pouvons travailler sur tous ces sujets, mais admettez qu'ils sont en contradiction avec la proposition de loi sur la sécurité globale en cours de discussion, qui créé beaucoup de tensions.
Je vous invite à retirer le soutien du Gouvernement à ce texte pour remettre les choses à plat et discuter d'un projet plus global. Il pourrait prévoir la dissolution de la BAC – qui s'est encore illustrée, comme trop souvent, dans une affaire révélée par Mediapart ces jours derniers – et son remplacement par une police de proximité. Nous proposons également la suppression de plusieurs armes dangereuses lors des manifestations, l'instauration du récépissé de contrôle d'identité et la constitution d'une commission « vérité et justice » sur les violences policières et les actes racistes.
Il y a un problème de doctrine globale du maintien de l'ordre, donc de chaîne de commandement et de responsabilité politique. Comme Stéphane Peu, je demande la démission du préfet Lallement – nous sommes en droit de le faire, qu'il soit présent ou non. Si vous considérez que les responsabilités sont ailleurs, nous sommes prêts à en discuter. Ce serait néanmoins un signal fort dans le sens de l'apaisement et de la baisse des tensions que nous souhaitons tous dans les semaines à venir.