Nous sommes réunis aujourd'hui pour débattre de la prolongation de l'état d'urgence sanitaire, et je ne m'en plaindrai pas. Certes, je regrette un peu la précipitation, mais il est bon de se retrouver pour exposer des idées différentes et poser des questions qui sont aussi celles que nos concitoyens se posent, et nous posent, parfois sans ménagement.
Cet état d'exception ne me satisfait absolument pas, parce qu'il porte atteinte à des libertés fondamentales : liberté de se réunir, de manifester, de se déplacer, de travailler. Dans un tel contexte, il est pour le moins normal que la représentation nationale se réunisse pour défendre le point de vue de nos concitoyens face à un Gouvernement qui a un autre problème : protéger les Français.
Laisser les pleins pouvoirs au Gouvernement de mars 2020 à décembre 2021, cela fait long, très long même. Ces mesures sont-elles nécessaires et proportionnées ? Certes, il faut protéger les Français, mais à quel prix ? Nous avons parlé des libertés publiques ; nous pourrions aussi évoquer l'économie, qui est largement mise à mal. Son renflouement sera très coûteux et pèsera sur nos budgets pendant de nombreuses années. Il va bien falloir rembourser – comment pourrions-nous faire autrement ? J'ai posé une question au Gouvernement mardi sur la détresse des étudiants, mais beaucoup de gens sont en détresse psychologique. Comme en médecine, il faut donc évaluer la balance bénéfices/risques et prendre des mesures très bien ciblées. Or selon les sondages, les deux tiers des Français ne font pas confiance au Gouvernement pour gérer la crise. Cela montre bien qu'il y a un problème de méthode.
Prenons un exemple de mesure qui n'est pas différenciée sur le territoire : le couvre-feu à partir de 20 heures, et bientôt 18 heures. Un habitant du Kreiz Breizh n'a plus le droit de sortir de chez lui après 20 heures, sauf s'il a un chien qu'il peut promener dans un rayon d'un kilomètre. Le taux d'incidence du covid y est de 4,2 cas pour 100 000 habitants. Comment lui expliquer cette interdiction ? Il vous répondra qu'il ne prend aucun risque en sortant. Le taux d'incidence en Bretagne est de 85,8. Le département qui connaît le plus fort taux est l'Ille-et-Vilaine, avec 123. Je rappelle qu'en octobre, les bars et les restaurants de Rennes ont fermé alors que le taux d'incidence était de 250. Nous sommes largement en deçà de ces valeurs.
Le rapport bénéfices/risques entre la lutte contre la pandémie et les risques économiques et sociaux doit être bien étudié.
Nous ne sommes pas contre le confinement par principe ; nous sommes opposés au fait qu'on nous l'impose au motif que ce serait la seule solution. Or c'est un choix qui est fait, qui est contestable et notre rôle est de le contester et de montrer qu'il existe d'autres voies. C'est pourquoi nous avons déposé plusieurs amendements, dont certains de suppression. Nous espérons que ce texte sera amélioré et que la respiration démocratique sera préservée. Car on l'a dit : des élections régionales et départementales doivent avoir lieu. L'expression démocratique est prévue à dates fixes et on ne peut pas s'amuser à changer ces dates comme ça, d'autant qu'on les a déjà reportées. D'ailleurs, les États-Unis ont procédé à leur principale élection, celle de leur président, dans un contexte similaire à celui que nous connaissons.