Avis défavorable à ces amendements, même si nous reconnaissons que le débat doit faire son chemin.
Voter est un droit et un devoir mais nous ne sommes pas favorables à une obligation pour plusieurs raisons. Tout d'abord, elle attenterait trop à la liberté de chacun, que la reconnaissance du vote blanc, en revanche, accroît – certains voteraient uniquement pour éviter une amende. Les représentants du Parti du vote blanc, lors de leur audition, ont d'ailleurs dit qu'ils étaient opposés à une telle obligation. J'ajoute que, compte tenu des différences de revenus, la sanction financière accentuerait les inégalités. Enfin, la légitimité des élus pourrait en pâtir : l'absence d'abstention laisserait accroire que « tout va bien, madame la marquise ! ».
Une proposition de loi instaurant le vote dès seize ans a été examinée et rejetée à l'automne dernier. Nous considérons en effet que le vote doit rester corrélé à la majorité. Il va de soi que les jeunes de quinze ou seize ans ont des idées pertinentes et que certains d'entre eux s'engagent de bonne heure en politique mais cette question ne saurait être traitée isolément puisque la majorité civile et pénale devrait être dès lors abaissée, ce qui emporterait des conséquences possiblement terribles. De plus, selon certains pédopsychiatres, les jeunes ont besoin de rites de passage dans la vie adulte – entrée au collège, baccalauréat, permis de conduire. Il nous paraît donc nécessaire d'en rester là. J'ajoute que, selon certains sondages, les jeunes ne sont pas forcément favorables à une telle mesure.