Si les gardes à vue se déroulaient dans des conditions spartiates, ce serait déjà formidable. En vérité, ces conditions méritent souvent le qualificatif d'immondes. En pénétrant dans certaines cellules, j'ai eu peine à croire que je me trouvais bien en France, un pays où nous est sans cesse rappelée la nécessité de respecter les gestes barrière. Les couvertures non lavées passant d'un gardé à vue à l'autre, ajoutées aux toilettes communes où la chasse d'eau ne fonctionne pas toujours, m'ont paru symboliques d'un paradoxe. Nul ne sait, une fois ces personnes relâchées, quelles maladies elles ont pu attraper.
La vaccination dans les prisons suit le même rythme que dans le reste du pays. Nous avions demandé que le personnel des prisons et les détenus soient vaccinés en priorité, puisqu'ils vivent dans des lieux confinés. À Tours, où un cluster a touché la moitié de la prison, la catastrophe n'a été évitée que de peu.
Je ne dispose pas d'informations sur la réinsertion des personnes libérées par les ordonnances du printemps 2020, ce qui me paraît plutôt bon signe. Si des catastrophes s'étaient produites, nous l'aurions su.
Depuis que tout le monde sort un peu plus, l'activité, délictuelle et judiciaire, a repris, d'où un accroissement des peines. Sans doute faudrait-il faciliter aux magistrats l'appropriation du bloc peine de la LPJ. Pour le moment, tous s'accordent à estimer plus facile d'envoyer quelqu'un en prison que de trouver un moyen d'aménager une peine ab initio, ce que je trouve très regrettable.