Intervention de Éric Paumier

Réunion du mardi 29 juin 2021 à 17h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Éric Paumier, co-président de Hopps Group :

Je me suis mal exprimé : ce qui est inédit, c'est la concomitance de deux scrutins avec une semaine d'intervalle. En 2008, les élections régionales étaient organisées en même temps que les cantonales, mais ces dernières n'étaient que partielles. Deux élections sur l'ensemble du territoire avec une semaine d'intervalle entre les deux tours, voilà les trois éléments qui, cumulés, font de la distribution de la propagande une opération réellement très difficile.

Aux termes du contrat signé entre Adrexo et le ministère de l'Intérieur, les imprimeurs routeurs, en amont de la chaîne, devaient nous fournir 100 % des documents au plus tard le jeudi soir précédant le scrutin, à vingt-trois heures cinquante-neuf. Ce cadre contractuel est valable tant pour les élections régionales que pour les départementales. Vous conviendrez qu'il faut bien quarante-huit heures – les journées de vendredi et samedi – pour distribuer les plis à l'ensemble des électeurs. Dans les zones dont nous avons la charge, cela représente 22 millions de Français, donc 44 millions de documents à distribuer. Les représentants de La Poste, que vous auditionnerez ultérieurement, vous diront certainement la même chose que nous : il est impossible de mener une telle opération en vingt-quatre heures. Or, le jeudi soir à vingt-trois heures cinquante-neuf, seuls 60 % des plis étaient à notre disposition. Ce chiffre a été confirmé, en temps réel, au ministère de l'Intérieur. Dès le jeudi soir, nous indiquions ainsi que nous aurions la plus grande difficulté à assurer la totalité de la distribution, puisqu'il nous manquait 40 % des plis.

Concrètement, le territoire sur lequel nous opérons est divisé en secteurs de distribution. Chaque secteur est attribué à un salarié ou un intérimaire, que nous appelons « messager » – l'équivalent d'un postier – et qui devait emporter avec lui les plis relatifs aux élections départementales et aux régionales. Certains de nos messagers sont donc partis le vendredi matin avec un seul pli sur deux. Sur les 40 % de plis que nous n'avions pas reçus le jeudi soir à vingt-trois heures cinquante-neuf, une part ne nous a été fournie que le samedi matin : il nous restait alors une demi-journée pour les distribuer, ce qui était totalement impossible. La grande majorité d'entre eux ont été reçus le vendredi après-midi ou dans la nuit de vendredi à samedi : nous avons alors monté, de façon complètement imprévue, un système de collecte et d'enlèvement des documents chez les routeurs.

J'insiste : tous les acteurs travaillant en amont de la distribution étaient soumis à des délais très contraints, qu'il s'agisse des imprimeurs routeurs, des régies ou même des préfectures, dont certaines ont dû faire appel aux pompiers pour les aider à réaliser la mise sous pli de la propagande électorale. Presque aucun routeur n'a respecté les délais, dont nous sommes convaincus qu'ils étaient trop courts, dans le cadre inédit que j'ai rappelé.

Nous avons donc fait du mieux que nous avons pu, le vendredi et le samedi, dans des conditions très difficiles. J'ajoute qu'en raison de l'Adrexo- bashing qui a sévi dans la presse à ce moment, il a été très compliqué de recruter, à la dernière minute, des collaborateurs, même sans grande expérience. Bref nous avons livré plus que les 60 % de plis reçus le jeudi soir à vingt-trois heures cinquante-neuf, mais nous n'avons pas été capables d'atteindre les 100 %.

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