Depuis un peu plus d'un an, mon groupe parlementaire et moi-même vous répétons inlassablement trois verbes très importants : prévoir, prévenir, planifier. Et nous vous proposons des amendements pour vous aider à travailler en ce sens. Or, une fois encore, nous allons travailler dans l'urgence, au jour le jour, sous la menace d'une quatrième vague qui risque d'être de grande ampleur à la fin du mois d'août, comme l'a indiqué tout à l'heure le ministre des solidarités et de la santé. Alors que le variant Delta circulait dans tous les pays d'Europe, on veut de nouveau nous faire croire qu'on ne pouvait pas deviner – tels sont les termes qu'avait employés Édouard Philippe – que la France serait touchée. À l'approche de la quatrième vague, il serait temps d'admettre qu'il faut prévoir, prévenir, planifier !
Par ailleurs, vous avez réussi à énerver les personnels soignants vaccinés, qui vont désormais manifester contre l'obligation vaccinale imposée à leurs collègues. Mépriser ainsi les soignants ! Vous êtes fantastiques !
Lors de la première vague, je vous le rappelle, les soignants on dû aller travailler sans masque ; ils ne risquaient rien, prétendument. Lors de la deuxième vague, les soignants asymptomatiques porteurs du virus ont dû aller travailler ; il n'était pas question d'altruisme à l'égard de leurs patients, ce n'était pas grave. Lors de la troisième vague, les soignants qui souhaitaient se faire vacciner devaient satisfaire à une condition d'âge : avoir plus de 50 ans. Et aujourd'hui, à la veille de la quatrième vague, vous leur dites en substance : « Amis soignants, vous qui rendez vos patients malades, vous serez virés si vous ne voulez pas écouter l'ami président Macron ! » Quel mépris envers le personnel soignant ! Les soignants, je vous le rappelle, n'ont pas pris tous leurs congés et vont travailler sur leurs jours de repos. Dire que vous les applaudissiez chaque jour à vingt heures. En Macronie, il faut vraiment s'accrocher !
Mon collègue Ugo Bernalicis et moi-même avions déposé deux amendements, certes peut-être un peu taquins, visant à étendre l'obligation vaccinale d'une part aux gendarmes et aux policiers, d'autre part aux élus – si les soignants doivent être vaccinés, autant que les autres personnes qui rencontrent du public le soient aussi. Or la blague du jour, c'est qu'ils ont été déclarés irrecevables au titre de l'article 40 de la Constitution !
Il faut, dites-vous, que l'on vaccine le plus de monde possible en France, mais l'article 40 fait obstacle à toute extension de l'obligation vaccinale, au motif que cela coûterait de l'argent ? Certes, aux dires de l'ancien président du groupe La République en Marche, nous ne comprenons pas la subtilité et l'intelligence, mais, en l'espèce, je suis preneuse de vos explications.
On nous dit que 3 millions de rendez-vous ont été pris, et c'est une bonne chose, nous espérons que ce mouvement va se poursuivre. Toutefois, de nombreux Français avaient décidé d'attendre septembre, car on leur avait dit – souvenez-vous des règles fixées à l'époque – qu'ils devraient recevoir leur deuxième dose dans le même centre de vaccination. Désormais, on leur dit qu'ils pourront prendre rendez-vous sur leur lieu de vacances…
J'en viens au passe sanitaire. J'espère que vous avez discuté avec les restaurateurs, les patrons de bistrot, les exploitants de cinéma, entre autres, car ils n'apprécient guère vos décisions : ayant déjà du mal à embaucher des serveurs, ils se demandent bien comment ils vont trouver du personnel pour vérifier les passes sanitaires. Certains se souviennent de discussions parfois difficiles et peu sympathiques avec leurs clients lorsque le port du masque est devenu obligatoire dans leur établissement. Les gens ne voulaient pas le porter, ils devaient faire les agents de sécurité, et c'était un peu la foire d'empoigne ! Tout n'est pas tout beau, tout rose… En tout cas, j'espère que vous aurez des solutions pour eux, parce qu'ils ont envie de travailler et de le faire correctement, en prenant soin de leurs clients et, d'abord, d'eux-mêmes. Quand on se vaccine, on se protège soi-même, en premier lieu.
Enfin, faites attention aux messages que vous passez, car il y a de la défiance. Vous invoquez à l'envi l'exemple allemand. Or Angela Merkel elle-même nous explique qu'il ne faut pas obliger, car cela fait augmenter la défiance et donne une tribune aux antivaccins. En l'espèce, peut-être faudrait-il l'écouter !
Vous nous aviez dit que jamais, ô grand jamais, il n'y aurait d'obligation vaccinale dans notre pays. Les soignants vous remercient ! Et vous aviez jugé saugrenue l'idée d'un passe sanitaire pour les bars, les restaurants et les cinémas. Je suis bien d'accord !