Nous ne devons pas nous enfermer dans nos certitudes respectives, chacun pouvant convenir qu'il ne détient pas la vérité.
En faisant un effort, vous pourrez considérer qu'on peut être opposé au passe sanitaire sans pour autant être des irresponsables ou des criminels, comme je l'ai entendu tout à l'heure. Vous pourrez également admettre que ce n'est pas faire insulte que de s'insurger à propos du vote de lois factuellement attentatoires aux libertés dans des conditions d'extrême précipitation. Jamais, depuis trente ans, des lois qui vont porter atteinte aux libertés de manière aussi massive n'ont été examinées en si peu de temps. Chacun doit le mesurer.
J'ai compris, monsieur le secrétaire d'État, que vous souffriez d'être soumis au contrôle de ceux qui sont élus par le peuple. Il va falloir vous y faire ! Il se trouve que vous ne l'êtes pas totalement, comme la Constitution le prévoit d'ailleurs, puisque depuis la mise en place de l'état d'urgence sanitaire ce sont près de quatre-vingt ordonnances qui ont été prises par le pouvoir exécutif, dont à peine quatre ont été ratifiées par le Parlement. C'est une véritable question, d'un point de vue démocratique et républicain, qui laissera des traces après cette crise sanitaire.
Enfin, je m'inquiète de voir la fracturation de la société s'installer dans le vocabulaire. Notre collègue Rebeyrotte parlait des vaccinés et des non-vaccinés. Non : il y a des citoyens français, responsables de leurs actes. Si nous commençons à catégoriser de la sorte nos concitoyens au sein même de l'Assemblée, cela laissera des traces fort profondes dans notre pays et dans l'organisation de la démocratie, bien après la pandémie qui nous occupe aujourd'hui.