Certains arguments, par la réserve qu'ils expriment, sont un bain de jouvence et me replongent dans les débats qui ont entouré l'examen de la loi relative à la parité. Bien sûr, l'on pourrait penser que, tout naturellement, celles qui représentent la moitié de l'humanité se retrouvent à occuper la moitié des postes à responsabilités ou de pouvoir. Eh bien non ! Du fait de la domination patriarcale, du poids des mentalités, le combat des femmes pour obtenir le respect de leurs droits a toujours eu besoin de l'appui de la loi. La loi relative à la parité a ainsi permis de répondre à une très ancienne revendication des femmes : tenir leur place dans la vie publique. Ce n'est qu'à la Libération que nous obtenons le droit de vote, grâce à l'implication des femmes dans la Résistance, mais beaucoup doutent alors de la capacité des femmes à participer à la vie publique de leur pays.
Encore aujourd'hui, au sein des exécutifs, 85 % des fonctions liées aux affaires sociales sont confiées à des femmes tandis que les hommes s'occupent des finances, de l'urbanisme, des travaux.
Les mentalités pèsent encore dans la construction de notre société et elles rendront d'autant plus difficile l'application des mesures que vous proposez, surtout dans les petites communes. L'argument selon lequel on ne trouverait pas de femmes pour remplir cette mission était déjà utilisé pour rejeter les dispositions concernant les élections municipales ou régionales lors de l'examen de la loi relative à la parité ! Allions-nous trouver suffisamment de femmes compétentes ? Auraient-elles le temps de s'engager en politique, une fois leur travail domestique achevé ? C'est évident, vous le constatez vous-mêmes : les femmes qui ont mené une carrière politique n'ont pas été capables d'élever leurs enfants !
Mon groupe soutiendra cette proposition de loi, malgré la rédaction de l'article 4 qui a le mérite de la précision. Il sera toujours possible de l'expliquer le moment venu.