Dans ces circonstances, on parle souvent de discrimination. Or les autres salariés ressentent plutôt des peurs qu'ils ne peuvent pas exprimer parce qu'ils pensent que ce serait politiquement incorrect.
Première erreur des personnes valides : elles se mettent à la place de leur collègue et elles s'imaginent avec le handicap. Cette situation leur paraît impossible, ce qui est normal. C'est un peu comme dans le cas d'un deuil : la personne qui perd un proche a, dans un premier temps, l'impression que tout s'effondre autour d'elle et qu'elle ne peut plus vivre. Lorsque le handicap survient, la personne peut se relever et trouve des moyens de compensation qu'une personne valide ne peut, dans le meilleur des cas, imaginer que d'une manière très abstraite.
Cette projection explique un grand paradoxe : alors qu'elles sont regardées avec amour et bienveillance, les personnes en situation de handicap sont les plus discriminées sur le plan de l'emploi. Il me semble que cette situation est due à des peurs non exprimées. Si j'ai un message à vous faire passer aujourd'hui, c'est celui-ci : il faut oser parler du handicap, tout simplement.
En ce qui concerne les administrations publiques, il y a l'écueil des concours avec tous les aléas qu'ils comportent. Quant aux emplois réservés, ils sont assez marginaux. La voie contractuelle, qui permet de rencontrer les candidats, pourrait être encouragée et développée. Le candidat peut être évalué dans le cadre d'un grand oral puis au cours d'un contrat dont la durée est en général d'une année, avant d'être éventuellement titularisé.