Intervention de Philippe Botton

Réunion du mardi 27 mars 2018 à 9h40
Groupe de travail sur les conditions de travail à l'assemblée nationale et le statut des collaborateurs parlementaires

Philippe Botton, administrateur à l'Association des paralysés de France (APF) :

Voilà ! J'ai donc utilisé cet élévateur. En fait, c'est un abus de langage de dire cela. J'ai emprunté l'élévateur, ce qui n'est possible qu'en présence d'un huissier. Il faut donc que quelqu'un aille faire signe à l'huissier pour le prévenir qu'une personne en fauteuil veut monter. C'est avec sa télécommande qu'il actionne l'ouverture de la porte et le démarrage de la machine pour accéder comme pour repartir.

Hier matin, dans un groupe qui visitait le Palais-Bourbon à l'initiative d'un parlementaire, il y avait dix personnes en fauteuil roulant. L'élévateur a été mis à contribution pour leur permettre d'avoir une vue de l'hémicycle. C'est quand même très problématique, car la possibilité d'accès existe mais elle ne permet pas d'être autonome. Que se passe-t-il s'il faut quitter l'hémicycle rapidement pour des raisons de sécurité ? À l'Assemblée nationale, on peut, bien sûr, compter sur le coup de main de l'agent, du collègue, du député qui passe. Nous ne sommes pas du tout isolés, mais ce n'est pas suffisant.

Tôt ou tard, un ou plusieurs députés seront en fauteuil ou avec des problèmes de mobilité importants. On ne sait pas quand, mais il y en aura. Nous avons eu des secrétaires d'État en fauteuil roulant, des députés ont été handicapés temporairement à la suite d'accidents. Or, dans l'hémicycle, il n'y a pas de sièges ni de pupitres qui permettent de travailler et d'intervenir quand on est dans un fauteuil roulant. Un député en fauteuil se retrouve au premier rang de l'hémicycle et au pied du perchoir, à tel point qu'il ne voit même pas le président. Pourquoi un député en fauteuil ne serait-il pas vice-président ? Quand il serait amené à présider des séances, comment accéderait-il au perchoir ? C'est une question de principe et de droit.

L'hémicycle est un lieu emblématique du Palais-Bourbon, mais il n'est pas le seul à être concerné par les soucis d'accessibilité. Pour circuler de la salle des Quatre-Colonnes aux salles des commissions ou autres, des petits plans inclinés ont été créés mais ils ne sont pas du tout aux normes : la pente devrait être de 6 % au maximum, alors qu'elle atteint parfois 30 %. L'exercice est alors assez sportif et non dénué de risque. Les personnes qui sont amenées à m'aider n'ont pas forcément la force et la technique nécessaires pour manipuler un fauteuil roulant. Comme je suis relativement autonome et que je maîtrise bien les choses, cela ne pose pas de problème. Quand j'imagine un fauteuil plus lourd, je me dis néanmoins que ce n'est pas évident de le manipuler et de garantir sa stabilité pour éviter une bascule dans une pente de 30 %. C'est un sujet à mettre sur la table. L'APF et des personnes handicapées de l'Assemblée sont prêtes à apporter leur contribution fondée sur l'expérience et l'expertise.

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