En ce qui concerne la cécité et la surdité, de façon assez remarquable, Pôle emploi, en tant qu'employeur public – et non en tant que service public de l'emploi puisqu'il est un établissement public assujetti au FIPA –, a développé des aides techniques qui constituent des plateformes de communication pour usagers sourds, ainsi que pour leurs agences « situation de handicap ». Ces aides concernent également des sites internet accessibles et des intranets « métiers » pour les agents en situation de handicap.
Pôle emploi a aussi mis en place ce qu'on appelle des script web access for NDVA – acronyme de Non Visual Desktop Access ‑, l'équivalent de JAWS – acronyme de Job Access With Speech ‑ pour Windows. Ces logiciels LibreOffice peuvent être compatibles avec les scripts NDVA.
J'avoue avoir été impressionnée par une démonstration : une personne faisait l'assistance téléphonique à Pôle Emploi pour répondre aux usagers sur leurs droits, en parvenant à lire l'interface aussi vite qu'une personne voyante grâce à de petits scripts, c'est‑à‑dire qu'au lieu de tout lire longuement (y compris les virgules), elle accédait directement à l'information recherchée. Il est vrai que pouvoir surfer sur internet à la même vitesse qu'une personne voyante pour les applications métier, signifie pour les intéressés la possibilité d'effectuer une mobilité géographique au sein d'une autre agence de Pôle Emploi, en étant assurés de retrouver les mêmes outils.
Je tenais à le signaler, car il serait bon que tous les employeurs publics puissent proposer un tel degré d'accessibilité.
Nous constatons par ailleurs que les sites internet publics d'information deviennent toujours plus accessibles, comme Légifrance avec www.service-public.gouv.fr ou le site de l'Agence nationale des titres sécurisés (ANTS), pour lequel ne manquaient plus que des traductions en langue française des signes (LSF) à l'intention des personnes sourdes lorsqu'elles regardaient le tutoriel.
Il est vrai qu'il faut toujours penser à tout, mais ce n'est pas évident lorsque l'on démarre ; en outre, des règles de sécurité font que l'on est parfois pris entre le marteau et l'enclume, parce qu'il faut faire en sorte que le site soit protégé des agressions tout en demeurant accessible, ce qui est très compliqué. Ces usages se répandent, mais beaucoup de chemin reste encore à parcourir ; il faut penser à l'accessibilité dès le début lorsque l'on construit un site, faute de quoi on se trouve confronté à de sérieuses difficultés.
De son côté, le langage facile à lire et à comprendre (FALC) est moins utilisé et moins automatique. Le Défenseur des droits avait pour projet la mise en ligne d'une partie de son site en FALC ; j'ignore l'état d'avancement de cette initiative, mais il nous avait approchés pour nous en faire part. Certaines fiches pourraient être présentées en FALC ; certaines parties du site internet de Pôle emploi le sont d'ailleurs déjà ; et l'établissement souhaite poursuivre, car cette présentation, claire et facile à comprendre, s'avère très utile, ce qui prouve que ce type d'aménagements prévus pour le handicap bénéficie à tous.
S'agissant de l'Assemblée nationale, si vous souhaitez améliorer l'accessibilité de votre site internet, vous pouvez prendre l'attache la direction interministérielle du numérique et du système d'information et de communication de l'État (DINSIC). Nous travaillons avec Bénédicte Roullier, responsable du département numérique au secrétariat général pour la modernisation de l'action publique (SGMAP), et Antoine Cao, directeur du programme accessibilité numérique à la DINSIC, qui aident les administrations publiques à améliorer leur accessibilité dans ce domaine.
Vos techniciens pourraient valablement rencontrer ceux de Pôle emploi, passer une convention de coopération avec eux pour une expérimentation temporaire. Ils sont prêts à partager leurs scripts web access gratuitement avec tous les employeurs publics qui le souhaitent. Le partage de bonnes pratiques a la vertu de faire bouger les lignes et évite de devoir réinventer dans son coin une solution alors que l'on peut bénéficier d'une mutualisation.
À votre question portant sur la langue des signes, je répondrai que le coût des interfaces de communication proposées par notre catalogue est de l'ordre de 80 euros de l'heure, et qu'à partir du mois de mai prochain, nous offrirons une participation au financement de visio-interprétation en langue des signes, à hauteur de 60 % de la dépense, qui sera plafonnée à 6 000 euros par an. Nous voulons concurrencer des plateformes de services comme Taddeo notamment, qui coûte environ 9 000 euros par an et s'adresse à de gros ministères ; nous souhaitons donc inciter les administrations à recourir notre offre dans ce domaine.
Notre idée est de proposer un cofinancement incitatif, afin que les employeurs ne se freinent pas et contractent des abonnements à l'intention de leurs agents.