Intervention de Christophe Lescot

Réunion du mardi 15 mai 2018 à 9h05
Groupe de travail sur les conditions de travail à l'assemblée nationale et le statut des collaborateurs parlementaires

Christophe Lescot, conseiller, chef de la division de l'information multimédia au service de la Communication et de l'information multimédia :

La question de l'accessibilité du site constitue un enjeu pris en compte par la division de l'information multimédia depuis un certain nombre d'années. En 2012-2013, nous avions réalisé un premier audit, qui avait permis de détecter un certain nombre de failles du site à cet égard.

Un progrès considérable a été réalisé à l'occasion du passage à un nouveau logiciel d'éditorialisation et de production des pages du site internet. Il s'agit d'un logiciel dit CMS – acronyme de l'anglais Content Management System, en français « gestion de contenu » –, dénommé Easy Publish.

Ce logiciel nous a permis de rationaliser l'organisation et la structure des pages HTML – acronyme de l'anglais HyperText Mark-Up Language –, nom du code avec lequel elles sont écrites. En effet, les personnes malvoyantes utilisent des logiciels, qui peuvent aller du simple logiciel d'agrandissement d'écran jusqu'à ceux, plus élaborés, de reconnaissance vocale. Ces derniers logiciels « lisent » les pages internet, et produisent une traduction audio pour les personnes malvoyantes.

Pour que ces matériels fonctionnent, les pages doivent être structurées, rationnellement écrites et bien organisées. Ce qui signifie la présence de titres bien identifiés par des balises, l'écriture du code HTLM doit donc être parfaitement cohérente, et les menus conformes à des normes internationales. En 2015-2016, le recours au logiciel Easy Publish nous a permis de réaliser un saut qualitatif extrêmement important de ce point de vue.

Des progrès restent à réaliser ; nous ne saurions prétendre être absolument exemplaires dans le chemin de l'accessibilité, et le projet de refonte complète du site devrait nous permettre d'aller bien plus loin. En effet, pour les personnes malvoyantes, les tableaux doivent être complétés par de petites bulles résumant leur contenu, car ils ne sont pas pris en charge par les logiciels de reconnaissance vocale, et nous devons les accompagner par des développements complémentaires pouvant être lus par ces logiciels. Il en va de même pour les formulaires produits par l'Assemblée, notamment à l'occasion des consultations citoyennes, ainsi que des images, qui doivent faire l'objet de résumés explicatifs.

Un autre travail consiste à permettre aux personnes malvoyantes de recourir aux raccourcis clavier afin de circuler à l'intérieur des pages ; ce qui est très important et appelle des développements supplémentaires, car nous n'avons pas encore atteint le niveau optimum auquel nous devrions nous trouver.

S'agissant des personnes malentendantes, l'enjeu est de fournir une alternative « texte » à toutes les vidéos que nous mettons en ligne. Depuis une dizaine d'années, l'Assemblée nationale a beaucoup développé l'offre vidéo, qui concerne la retransmission de la séance publique, mais aussi des réunions des commissions, que cela soit en direct ou en différé ; à cela se sont ajoutées de courtes vidéos de présentation.

Dans ce domaine, la situation est contrastée. Ainsi les images de la séance publique en différé comportent un lien vers le compte rendu écrit ; par ailleurs, pour la retransmission en direct une petite icône figurant une oreille barrée permet aux personnes malentendantes d'accéder à une version sous-titrée. C'est un robot qui extrait les bandes sonores des images vidéo, les rapproche du texte écrit et génère un sous-titrage. J'avoue que ce dispositif fonctionne avec un peu de retard, mais le service des systèmes d'information et en train de passer un marché pour automatiser la génération de ce sous-titrage, ce qui marquera un progrès notable pour les utilisateurs.

Des améliorations restent à apporter en ce qui concerne les images des réunions de commission. Depuis une décision du Bureau de l'Assemblée, il n'y a plus de comptes rendus écrits de toutes les réunions de commissions : ils sont désormais limités, pour l'essentiel, aux travaux législatifs et aux auditions de ministres. C'est donc tout un pan des travaux des commissions qui ne fait pas l'objet de transcription écrite, mais est retransmis en vidéo, que cela soit en direct ou en différé. Dans le cadre de l'obligation à laquelle sont soumises les personnes publiques qui gèrent un site public d'offrir une alternative textuelle à tout contenu audiovisuel, il nous revient de répondre à cette nouvelle situation.

Sur décision du Bureau, nous sommes engagés dans la refonte globale du site internet. Le projet est dans sa première phase d'analyse de l'existant, et de définition en amont des objectifs et des grands axes de cette refonte. Il sera nécessaire de prendre des décisions stratégiques, sur lesquelles le Bureau aura à se prononcer avant la fin de la présente session. Nous avons décidé de prendre en compte cet impératif d'accessibilité le plus en amont possible dans la définition de ce projet de refonte du site. En effet, l'accessibilité peut être d'autant plus améliorée qu'elle constitue un objectif intégré le plus tôt possible.

Nous réfléchissons déjà avec un prestataire d'assistance à maîtrise d'ouvrage aux grands axes de l'amélioration de l'accessibilité, qui ne manquera pas de constituer une priorité imposée aux candidats dans le cahier des charges d'un éventuel appel d'offres. Je tiens donc à confirmer notre volonté de progresser de façon considérable dans cet impératif d'accessibilité.

Par ailleurs, nous ne disposons pas de traduction systématique des documents publiés par l'Assemblée nationale en langage facile à lire et à comprendre. C'est un axe d'amélioration auquel nous devons réfléchir, qui pourra constituer une étape supplémentaire de la refonte globale de notre site ; il faudra en évaluer la faisabilité et le coût.

Le FALC repose sur un certain nombre de principes qui inspireront notre projet de refonte du site : il faut rédiger des phrases courtes, toujours associer un pictogramme à un texte, aller au message essentiel, présenter une mise en page très claire avec des typographies simples ainsi que des contrastes de couleurs suffisants pour les personnes en situation de handicap. Cela concerne la seule présentation des pages de notre site internet. En effet, le contenu même des documents parlementaires pose d'autres difficultés, parce qu'il est rédigé le plus souvent dans une prose assez administrative et juridique, qui est assez éloignée des canons du FALC.

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