La question de la sécurité comporte deux aspects : la répression et la prévention.
Le ministère de l'Intérieur s'occupe de l'aspect répressif et nous y mettons les moyens. Ces trois dernières années, le budget de la sécurité a augmenté d'un milliard d'euros. Nous avons l'ambition de créer 10 000 postes de policiers et de gendarmes d'ici la fin du quinquennat. C'est un effort considérable, aussi bien pour les effectifs supplémentaires que pour les équipements des policiers. Nous avons, spécifiquement pour les QPV, décidé de mettre en place le dispositif des « Quartiers de reconquête républicaine ». Dans les 60 « Quartiers de reconquête républicaine », les forces de police seront renforcées. Nous avons déjà environ 600 policiers et gendarmes supplémentaires dans 49 de ces quartiers qui sont ceux les plus en tension.
Nous ne nous désengageons pas de ces sujets, bien au contraire. Certains ont détruit des postes de policiers et de gendarmes entre 2007 et 2012. Lorsque 10 000 postes sont détruits, ce n'est pas 10 000 qu'il faut en remettre, mais 20 000 parce qu'il faut restructurer et réorganiser tous les services, répondre à la problématique des cycles horaires de ces effectifs de policiers et de gendarmes. Nous avons la volonté d'agir massivement dans le répressif, même si certains veulent faire croire que l'État ne fait rien. Bien au contraire, l'État est très présent sur cette question et je soutiens pleinement son action.
Il faut savoir que les premières victimes de l'insécurité sont les habitants des quartiers. Nous entendons parler de rodéos sauvages à la télévision ; les premières victimes de ces rodéos sont les habitants des quartiers. Je suis très bien placée pour le savoir, pour être allée passer quelques nuits à Trappes chez ma mère. Les rodéos réveillent tout l'immeuble et tout le quartier en passant à deux heures du matin. C'est pourquoi je soutiens complètement la politique de sécurité que nous portons aujourd'hui. Elle est au bénéfice des habitants.
Ensuite, le ministère de la Ville agit sur le volet de la prévention. Nous intervenons aux endroits où les liens entre la police et la population sont abîmés, fracturés avec des acteurs associatifs pour renforcer ce lien par des activités ludiques, pédagogiques, sportives. Nous ciblons évidemment surtout les jeunes. Ils se retrouvent avec des policiers pour une activité qui leur permet de mieux se connaître et de casser les représentations qu'ils ont les uns des autres. J'y tiens beaucoup.
Nous entendons de nombreux commentaires sur la police et la gendarmerie. Il n'est certes pas question de nier certains actes ou propos qui peuvent être violents et pour lesquels une sanction est nécessaire, mais il n'est pas question de jeter l'opprobre sur toute une profession. Je m'y refuse parce que la première mission des policiers et des gendarmes est de protéger nos concitoyens. Développer ce lien de rapprochement permet de l'expliquer.
Nous travaillons aussi en prévention sur l'éducation. L'égalité des chances ne se décrète pas, mais se construit, en particulier à travers les dispositifs que nous mettons en place. Prenons l'exemple des Cités éducatives. Il s'agit de mettre en place un parcours de prise en charge des jeunes dès 3 ans à l'entrée en maternelle jusqu'à l'insertion professionnelle et au plus tard jusqu'à 25 ans. La Cité éducative a pour objet de suivre le parcours du jeune pour qu'il ait une solution à la sortie de son parcours scolaire, quel que soit l'âge auquel cette sortie intervient.
Nous agissons aussi à travers les Cités de l'emploi pour tous ceux qui sont sortis du parcours scolaire et sont assez éloignés du milieu de l'emploi. Nous les remettons en situation d'employabilité et nous travaillons avec des partenaires locaux pour leur trouver une solution d'emploi. Je pense que l'émancipation passera beaucoup et surtout par l'emploi.
Enfin, le secteur associatif mène un travail de prévention extraordinaire. J'étais à Stains récemment et j'ai rencontré de petites associations, avec beaucoup de bénévoles et pas forcément de salariés. Elles font un travail formidable auprès des jeunes pour prévenir une certaine forme de délinquance. Il faut soutenir et aider ces associations. J'ai mis en place le fonds « Quartiers solidaires » pour aider le milieu associatif à faire ce travail qui est son activité première et également pour l'aider à créer du lien avec les jeunes et à prévenir la délinquance.
Sur la question de la sécurité, je pense qu'il faut agir sur ces deux leviers. Lorsque certains n'agitent qu'un seul sujet et d'autres, l'autre sujet, je ne pense pas que nous arrivions à une solution qui puisse convenir à tout le monde, au premier chef aux habitants des quartiers. Il faut avancer sur ces deux « jambes » pour que nous puissions répondre réellement à cette question.