L'État garantit la qualité des formations et la capacité des établissements à les évaluer et à délivrer aux étudiants un diplôme national. Mais il n'existe pas de programme national de formation dans l'enseignement supérieur, ni en licence, ni en master : il ne peut donc pas y avoir d'examen national. La liberté pédagogique des enseignants-chercheurs fait qu'eux seuls peuvent évaluer leurs étudiants. L'ordonnance précise que l'on peut adapter les modalités de contrôle des connaissances, mais il n'est pas possible de supprimer ce contrôle, comme le réclament certains étudiants, pas plus que de mettre la même note à tout le monde, sans évaluer les connaissances de chacun. On peut adapter, moduler, tenir compte des difficultés : c'est à cela que servent les jurys. Mais je ne peux pas inventer, pas plus cette année que pour les autres années, des examens nationaux pour des programmes qui ne sont pas nationaux.
Il n'a jamais été question de repousser la rentrée universitaire au mois de janvier. Ce qui a été évoqué, c'est seulement la possibilité pour les étudiants internationaux de faire le premier semestre à distance et de ne rejoindre leur établissement qu'au deuxième semestre. Encore n'est-ce pour l'heure qu'une hypothèse : j'ai seulement demandé aux établissements d'y réfléchir dans le cas où les vols internationaux ne seraient pas rétablis aux mois de septembre ou octobre. Nous avons tout fait pour maintenir la rentrée au mois de septembre.
J'ai évidemment été interpellée par la tribune du docteur Bruno Canard, qui travaille sur le coronavirus depuis des années et qui dit avoir eu des difficultés à se financer. Deux des onze projets financés par l'ANR sur le coronavirus sont développés par son laboratoire. J'entends bien que lorsque l'on est passionné par un sujet, au surplus majeur en termes de santé publique, on se dise que si l'on avait eu tout l'argent dont on rêvait, on aurait pu faire les choses autrement… L'important pour les années à venir, c'est d'investir massivement dans la recherche et de soutenir tous les projets de qualité. Nous n'aurions pas pu aller aussi vite sur le SARS-Cov2 si nous n'avions pas maintenu, en France comme ailleurs, des recherches sur les coronavirus en général.
Avons-nous trop tardé à lancer les essais cliniques ? Les trois premiers cas ont été identifiés en France au mois de janvier et les cohortes ont été mises en place le 6 février. Jamais des essais cliniques n'ont été montés aussi rapidement : habituellement, cela prend plusieurs mois… Je tiens d'ailleurs à remercier tous les comités qui se sont réunis à chaque fois que nous en avons eu besoin pour autoriser ces essais cliniques.
Le CNRS est notre première agence nationale de recherche. Il est doté d'un Institut des sciences biologiques qui est engagé dans cet effort de recherche. Tout ne se passe pas à l'INSERM : des travaux sont en cours à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), à l'INRIA, à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)… Les équipes de recherche en biologie du CNRS sont totalement mobilisées et elles travaillent en synergie avec celles de l'INSERM. Tuer un organisme de recherche n'aboutit pas à en renforcer un autre.
S'agissant enfin de la politique spatiale, je me suis entretenue hier avec le président du Centre national d'études spatiales (CNES). Le plan de reprise d'activité du centre spatial de Kourou est prêt et les équipes vont pouvoir revenir sur le site, en suivant des procédures très strictes de contrôle et de mise en quarantaine, afin de ne pas importer le virus en Guyane.
La faillite de OneWeb pose effectivement une véritable difficulté. La crise a aggravé la situation mais ne l'a pas créée, puisque cette société cherchait déjà à se refinancer à hauteur de 2,5 milliards de dollars. Elle est placée sous le régime du chapitre 11 au tribunal des faillites de New York et ses actifs sont mis aux enchères. Nous suivons ce dossier avec attention car de nombreux industriels français sont directement concernés.
Il nous faut consacrer tous nos efforts à la recherche sur le Covid-19, mais nous ne devons pas pour autant négliger les autres champs de la recherche et de l'innovation, qu'il s'agisse de la R&D ou de l'espace. Mon ministère reste mobilisé sur tous les sujets qui relèvent de son champ de compétences.