Cette crise subite, soudaine, brutale, a immédiatement invité le monde scientifique et médical au centre du débat démocratique, s'insérant dans le couple – dont il va de soi que nous ne revendiquons pas l'exclusivité – du politique et du citoyen. À présent, il s'agit d'un dialogue à trois, qui se déroule de façon extraordinairement structurée lorsqu'il est formalisé, et de façon plus spectaculaire lorsqu'il passe par le truchement des médias.
Il en résulte, d'un côté, une relation entre, d'une part, le politique et, d'autre part, les chercheurs, le monde médical et scientifique – Mme Barré-Sinoussi et M. Lina en ont décrit quelques aspects en présentant le CARE et le conseil scientifique, et, de l'autre côté, une relation entre ce même monde médical et scientifique et les citoyens, notamment les médias, avec une présence spectaculaire du monde médical sur les plateaux de télévision, où les médecins ont quasiment remplacé les politiques – ce qui n'est pas du tout un reproche, je m'empresse de le dire !
Quels sont votre sentiment et votre jugement, après presque deux mois de relation intense, sur sa qualité, s'agissant notamment de votre relation avec le politique ? Mme Barré-Senoussi et M. Lina ont décrit les missions du CARE et du conseil scientifique. Avez-vous l'impression que la relation qui s'y tisse est utile et féconde ? À quelles conditions pourrait-elle l'être encore davantage ?
Comment avez-vous vécu certains épisodes qui, vus par le grand public ou par la fenêtre médiatique, ont donné l'impression d'un frottement ? Je pense notamment à la polémique sur le maintien du premier tour des élections municipales ou à celle sur la réouverture des établissements scolaires dans le cadre du déconfinement. J'aimerais que vous nous donniez, vue de l'intérieur, votre appréciation.