Intervention de Florence Ader

Réunion du mercredi 29 avril 2020 à 17h15
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Florence Ader, infectiologue au CHU de Lyon et au centre international de recherche en infectiologie (CIRI) :

Vous nous interrogez sur l'essai Discovery. À ce jour, le nombre de patients inclus s'élevait à 735. On observe un franc ralentissement des inclusions, signe de la victoire du confinement, puisque le nombre des inclusions dépend directement de celui des cas, lequel diminue aujourd'hui drastiquement. On peut donc se réjouir de cette baisse des inclusions dans l'essai.

Dans des essais de cette importance, ce ne sont pas les médecins responsables qui gèrent ce que l'on appelle les data. Le nombre des données et des informations recueillies pour chaque patient s'élevant à 100, voire 150, il ne nous est pas possible de les gérer directement. Cette tâche est donc assurée par des organismes de biostatistique. Une fois nettoyées, les bases de données sont traitées par un comité indépendant. Celui-ci examine les données, en général une fois par semaine, et nous donne ensuite des instructions. Je suis donc les résultats un peu en aveugle, si je puis dire, sauf si le comité constate qu'il y a un signal.

Le premier comité d'évaluation de l'essai Discovery s'est réuni il y a une dizaine de jours ; il nous a dit qu'il fallait continuer. Le deuxième a eu lieu lundi dernier ; la conclusion a été la même. En termes d'efficacité et de sécurité, puisque ce sont les deux grandes questions posées par l'essai, le comité recommande pour l'instant de poursuivre pour fiabiliser tout résultat qui serait issu de l'essai. Il n'y a donc pas de grande nouvelle à ce jour : chaque semaine, nous versons les données et le comité d'évaluation nous informe de ce qui en ressort.

Je comprends votre préoccupation quant à la maladie de Kawasaki. Je ne suis pas pédiatre, mais la maladie de Kawasaki peut parfois être reliée, notamment chez les enfants, à des étiologies virales. Nous sommes actuellement en train de décrire un certain nombre d'entités liées au coronavirus, comme nous avons décrit par le passé un certain nombre d'entités liées à d'autres virus. Même si nous pouvons en avoir l'impression, il ne s'agit pas nécessairement de nouveautés : c'est simplement la confirmation que le virus a une interaction avec un certain nombre de cellules de l'organisme. Nous « rangeons » ces entités dans un cadre sémiologique de maladie. C'est ce que nous sommes en train de faire avec le coronavirus : on observe une interaction avec de nombreux organes, et l'on rattache un certain nombre d'entités ou de manifestations médicales à des entités que l'on connaît déjà et que l'on a déjà rapportées à d'autres virus. Que quelques cas décrits de la maladie de Kawasaki soient potentiellement liés à une infection virale telle que le coronavirus n'a donc rien d'étonnant en soi ; c'est aussi le cas pour d'autres virus respiratoires. C'est souvent ainsi que l'on procède lorsqu'on découvre une nouvelle maladie : on décrit un certain nombre de symptômes et on les rapporte à des maladies potentiellement déjà identifiées dans le cadre d'une interaction entre un hôte, c'est-à-dire un organisme, et un virus.

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