Intervention de Bruno Lina

Réunion du mercredi 29 avril 2020 à 17h15
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Bruno Lina, professeur au CHU de Lyon et chef d'équipe au centre international de recherche en infectiologie (CIRI) :

Il y a un besoin de tests et d'une montée en puissance diagnostique très importante. Aujourd'hui, nous sommes capables d'effectuer 35 000 à 40 000 tests PCR par jour. Nous devons atteindre l'objectif de 100 000 tests par jour : je reviendrai sur la manière dont cet objectif a été calculé.

L'État a fait l'effort d'acheter vingt et une plateformes de PCR à haut débit, qui ont, pour la plupart, été installées dans des centres hospitaliers, deux d'entre elles l'étant dans des laboratoires privés. Chacune de ces plateformes a une capacité diagnostique de 2 000 à 2 500 tests par jour. Une fois opérationnelles, elles augmenteront la capacité actuelle de 50 000 tests par jour, ce qui nous permettra d'atteindre l'objectif de 100 000 tests par jour. Quinze sont d'ores déjà installées. Parallèlement, ont été sécurisés les approvisionnements d'écouvillons nécessaires à l'analyse des prélèvements, l'ensemble des réactifs qui servent à la fois à la préparation du matériel et à l'amplification génique, et un circuit de résultats qui permettra de répondre pratiquement en temps réel. Dans la mesure du possible, ces plateformes devront fournir un résultat dans les douze heures suivant le prélèvement.

Cette montée en puissance est en cours. Elle s'ajoutera à ce que les laboratoires publics et privés sont déjà capables de faire. Parallèlement, des approvisionnements en réactifs ont été sécurisés. La situation que je décrivais au début du mois de mars 2020 n'est plus d'actualité. Nous avons maintenant des capacités de diagnostic de très haut niveau.

Pourquoi un objectif de 100 000 tests par jour ? Les modèles sur lesquels nous travaillons au sein du conseil scientifique, élaborés par Simon Cauchemez, sont très fiables et ils se confirment au fil du temps. Si rien ne change dans le comportement des Français d'ici à la levée du confinement, nous aurons entre 1 000 et 3 000 cas d'infection par jour. Cela correspond à une circulation de virus qui se fait dans un bruit de fond où d'autres virus respiratoires circulent. Nous savons qu'une personne qui, en début de maladie, présente des signes évocateurs d'une infection à coronavirus est une fois sur dix infectée par le coronavirus. Les neuf autres fois correspondent à des virus en circulation qui provoquent les mêmes symptômes, mais on ne le sait qu'une fois le test effectué, en début de maladie en tout cas.

Nous savons donc qu'il est probablement nécessaire de multiplier par dix et, par sécurité, peut-être même par vingt, le nombre de tests à réaliser pour pouvoir tester absolument toutes les personnes qui présentent des signes d'infection respiratoire. Ces personnes sont entre vingt et trente fois plus nombreuses que celles réellement infectées par ce coronavirus, mais nous avons besoin de faire tous ces tests pour être exhaustifs. Lorsque l'on calcule l'incidence et le nombre de tests à réaliser pour détecter les 3 000 personnes qui risquent d'être porteuses du virus, on conclut à la nécessité de procéder à un petit peu moins de 100 000 tests par jour.

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