Intervention de Florence Ader

Réunion du mercredi 29 avril 2020 à 17h15
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Florence Ader, infectiologue au CHU de Lyon et au centre international de recherche en infectiologie (CIRI) :

Je comprends l'impatience. Néanmoins, l'engagement que nous avons pris pour les patients en démarrant cet essai Discovery, dont le promoteur est l'INSERM – Institut national de la santé et de la recherche médicale –, est de fiabiliser les résultats et de ne pas confondre vitesse et précipitation. Nous ne devons pas céder à la pression de niveler des résultats d'une telle importance. Si un comité scientifique nous dit ne pas encore avoir la capacité de différencier un certain nombre de résultats en comparant des traitements entre eux ou avec un bras de référence – c'est ce qu'on appelle le «  standard of care  », le traitement de référence – et nous dit qu'il est nécessaire d'analyser plus de patients, nous le ferons, quel que soit le temps que cela prendra.

Une des molécules comprises dans l'essai Discovery fait l'objet d'une étude de très grande ampleur aux États-Unis, laquelle nous envoie un signal encourageant. Nous avons donc des raisons d'espérer que ces études finiront par converger et nous indiquer, parmi les molécules et les traitements que nous testons, ceux qui démontrent une efficacité et seront très vite mis à la disposition du plus grand nombre. Dans cette dynamique, nous travaillons pour tout le monde.

S'agissant des anti-inflammatoires, j'adhère totalement aux propos de Mme Barré-Sinoussi, vis-à-vis de qui la communauté scientifique a un respect absolu et qui a entièrement raison. La population, pour sa culture sanitaire et scientifique, doit aussi comprendre qu'en cas de maladie infectieuse – issue d'un virus, d'une bactérie, d'un parasite ou d'un champignon – le partenaire indispensable à sa gestion est le système immunitaire. Sans comprendre comment les choses fonctionnent, il est impossible de proposer des approches intégrées en prescrivant un médicament contre le virus, un médicament qui contrôle le système immunitaire ou, au contraire, un médicament qui le stimule. La vaccinologie procède de cette démarche, mais il en existe d'autres. Comme vous le savez, parmi les traitements actuellement testés figurent des traitements anti-inflammatoires, c'est-à-dire dont le but est de limiter la réaction immunitaire des patients qui en présentent une trop importante.

Je souscris également au propos de Mme Barré-Sinoussi en ce qui concerne la recherche translationnelle, qui vise à comprendre comment le système immunitaire gère ce virus dans toute sa mécanistique, ainsi que le déterminisme génétique associé à ces maladies. Cette recherche est très importante, car c'est en imbriquant cet ensemble de données que nous parviendrons à proposer aux patients les meilleurs traitements, lesquels pourraient comprendre un médicament contre le virus et, en même temps, un médicament qui, à un moment déterminé, freine quelque peu le système immunitaire ou le stimule. Nous saurons établir ces traitements en menant de front toutes ces études, avec le travail des virologues sur la structure et le fonctionnement du virus, le nôtre qui consiste à inclure des patients dans les essais, celui des immunologistes, ou encore celui de l'institut Pasteur sur des vaccins. Tous ces acteurs doivent aboutir à une synthèse de manière que les approches de prise en charge des patients soient les plus pertinentes possible. Il est très important de comprendre cette imbrication qui, pour le public, est assez complexe, mais qui est fondamentale pour que nous avancions. Ne confondons pas vitesse et précipitation, il est important de le dire et de le redire !

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