Comme vous l'avez dit, monsieur Door, la virulence du virus est surveillée de façon très étroite. Des séquençages sont réalisés sur toute la planète. Chaque jour, 100 à 200 séquences complètes de génome sont partagées par la communauté internationale.
À ce stade, il existe trois groupes génétiques du virus, mais celui-ci ne présente aucune variabilité antigénique ; autrement dit, il n'y a qu'un seul sérotype. En revanche, il présente de petites subtilités nucléotidiques. Par ailleurs, rien ne signale que sa virulence augmente ou diminue. Il est stable. Le seul changement notable est que nous savons désormais mieux prendre en charge les patients qu'auparavant. J'ignore si cela signifie qu'il n'y aura pas d'évolution du virus à terme. Par hypothèse, lorsqu'un virus se diffuse de façon abondante, sa virulence a tendance à se réduire. Toutefois, pour l'instant, nous n'avons rien observé de tel.
S'agissant de l'éventuelle disparition du virus, il est difficile, là encore, d'avoir des certitudes. Mon hypothèse personnelle est qu'il ne disparaîtra pas et qu'à terme, il deviendra saisonnier. Il faudra donc apprendre à vivre avec lui, d'où l'importance de disposer d'armes adéquates : un vaccin et l'immunité collective.
Quant aux allégations relatives au laboratoire P4 de Wuhan, elles relèvent de la rumeur. Aucune étude sérieuse ne permet d'affirmer que ce laboratoire soit impliqué dans l'origine ou le développement de l'épidémie. Une étude phylogénétique du virus – un tel travail consiste à faire son arbre généalogique et à essayer d'identifier ses points d'évolution – montre qu'il aurait évolué en trois temps. Il aurait émergé dans un premier temps non pas à Wuhan, mais dans une province du sud de la Chine, où l'on avait relevé la présence de pangolins infectés, et il ne serait apparu sur le marché de Wuhan que dans un deuxième temps.