Les dernières questions posées ne sont pas les plus simples.
Nous avons rédigé un avis spécifique à propos des outre-mer parce que leur cas était particulier. La situation insulaire de la plupart de ces territoires facilite le contrôle des entrées des personnes infectées, si bien que la stratégie de quarantaine ou de quatorzaine a été remarquablement efficace pour freiner l'introduction du virus, lequel, dans la plupart des cas, vient de métropole. Cela a créé une situation assez confortable, notamment en Nouvelle-Calédonie et maintenant à Saint-Pierre-et-Miquelon, où la levée de confinement va de pair avec le maintien de conditions extrêmement strictes à l'entrée de personnes extérieures. Puisque l'on sait que le virus ne circule pas à l'intérieur de ces territoires, le seul risque vient des voyageurs, qui sont donc maintenus en quatorzaine et font l'objet de dépistages.
Concernant les vaccins et médicaments, je fais partie des optimistes qui considèrent que ces solutions thérapeutiques seront trouvées. Ceux qui prétendent que l'on n'a pas les moyens de développer un vaccin contre le coronavirus sont des défaitistes ; les essais en cours sont nombreux et certains des premiers résultats s'avèrent extrêmement encourageants. Ce n'est pas parce que nous ne connaissons pas encore la réponse immunitaire protectrice que nous ne la connaîtrons pas dans trois mois. Nous apprenons constamment et il est presque certain que nous trouverons des solutions.
Les questions concernant le déconfinement sont finalement les mêmes dans les outre-mer qu'en métropole : est-il légitime de rouvrir les écoles ? Là encore, pour trancher, il faut s'appuyer sur un état des lieux. En Nouvelle-Calédonie et à Saint-Pierre-et-Miquelon, on l'a fait parce que le virus n'y circulait plus. Dans l'ensemble de ces territoires, nous avons augmenté les capacités en matière de tests, démarche compliquée par le fait que les équipements n'arrivent pas malheureusement avec la même rapidité qu'en métropole. Cela étant, des actions très fortes ont été menées et la capacité de diagnostic a été dimensionnée pour égaler celle de la métropole, en proportion de la population. Bref, si les mêmes questions qu'en métropole se posent dans les outre-mer, ces territoires ont mieux maîtrisé la situation grâce à l'atout considérable que constitue leur situation insulaire, et ils disposent de bon nombre d'outils. Reste à maintenir la vigilance à son maximum.
Les faux négatifs dans les tests PCR procèdent en réalité de prélèvements réalisés selon un mauvais timing. Je suis en train de préparer une note pour expliquer à quel moment faire quel type de test pour diagnostiquer une infection au coronavirus. Selon que vous intervenez cinq, sept, dix jours après les premiers symptômes, vous ne pouvez pas effectuer le diagnostic de la même manière ; il y a des règles à suivre et des outils à utiliser.
Les tests sérologiques pourront être utilisés une fois qu'ils auront été qualifiés, c'est-à-dire qu'on aura établi leur qualité et leur bonne valeur prédictive. Ils viendront alors compléter le diagnostic par test PCR. Mais le principe de base reste de pouvoir poser le diagnostic le plus tôt possible pour casser les chaînes de transmission, et seul le test PCR permet de le faire.
Il faut bien comprendre ce que signifie une masse de 100 000 tests par semaine, bien mesurer l'effort considérable que cela représente : c'est l'équivalent de l'ensemble des tests pratiqués chaque année par mon laboratoire de virologie, à Lyon, pour diagnostiquer le VIH, les hépatites, les papillomavirus, les virus respiratoires, le cytomégalovirus, le virus d'Epstein-Barr (EBV) et toutes les autres maladies virales surveillées ; il s'agit du seul laboratoire pour les hôpitaux de Lyon, et il effectue 100 000 tests PCR par an. Nous avons basculé vers un rythme astronomique de production de tests PCR : en seulement deux mois, nous avons multiplié par dix à vingt les capacités diagnostiques. Certes, ce n'est pas suffisant, d'autres pays ont fait mieux. Mais nous serons réellement capables d'effectuer ces 100 000 tests parce que nous avons sécurisé l'approvisionnement des consommables – aussi bien du plastique des pipettes que des dispositifs d'extraction et des kits d'analyse. Le nombre de tests PCR réalisés diminue parce que moins de cas apparaissent depuis que la vague épidémique reflue, mais la capacité diagnostique demeure. Au pic de l'épidémie, 35 000 à 40 000 tests étaient pratiqués chaque jour en France. En additionnant les capacités diagnostiques, on atteint maintenant les 100 000 tests pour lesquels la disponibilité de l'ensemble des consommables est sécurisée.