Intervention de Jean-Baptiste Djebbari

Réunion du mardi 5 mai 2020 à 17h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d'État :

Monsieur Door, la continuité territoriale avec la Corse est maintenue par voies maritime et aérienne. Des avions assurent la liaison entre la Corse, Nice et Marseille puis, de ces aéroports, quelques rotations permettent de rejoindre Paris, avec le meilleur remplissage possible, tout en respectant les règles sanitaires. Depuis quelques jours, Air France impose le port du masque à bord de ses avions.

Deux compagnies aériennes demandent la réouverture d'Orly avant fin juin, d'autres préconisent d'attendre la fin de l'été, la reprise du trafic n'étant pas assurée. Les mesures devront nécessairement être harmonisées au niveau international, notamment entre les différents pays européens. Monsieur Habib, avec mes homologues allemand, italien et espagnol, j'ai écrit à la Commission européenne afin de proposer d'étendre nos mesures réglementaires et de coordonner nos calendriers.

Madame de Sarnez, la stratégie repose sur les trois piliers dont j'ai déjà parlé : augmentation de l'offre afin de réduire la fréquentation par véhicule ; diminution de la demande – notamment aux heures de pointe ; mesures de sécurité sanitaire. Vous avez raison, le maître mot de cette première phase de déconfinement, c'est la confiance. C'est ce qui a parfois manqué dans certains pays et explique le fort report vers les véhicules individuels.

Monsieur Habib, je vous transmettrai une réponse écrite concernant la situation des Pyrénées-Atlantiques, sur laquelle vous m'avez déjà alerté. La diminution de l'offre de TGV répond aux impératifs sanitaires de moindre circulation.

Vous le savez, la situation financière des compagnies aériennes et des agences de voyages est très difficile. Nous avons déjà obtenu que ces dernières puissent rembourser leurs clients par le biais d'avoirs. Nous plaidons auprès de la Commission européenne pour ce système : les avoirs, valables douze mois, pourraient être remboursés à l'issue de la période, ou prolongés au-delà.

Nous souhaitons protéger le consommateur dans ses droits, tout en trouvant des solutions financièrement réalistes : on parle de 35 milliards d'euros – c'est considérable – d'autant que les compagnies aériennes nécessitent quasiment toutes des plans de sauvetage et que les agences de voyages sont en grande difficulté.

Vous nous avez interrogés sur le verdissement de l'industrie des transports : nous n'avons peut-être pas suffisamment exploité cette dimension et nous disposons désormais d'une fenêtre et de possibles alliances politiques pour le faire. Si Air France vole avec des avions alimentés par carburant fossile, c'est que nous n'avons pas su inventer l'avion vert. Pourquoi notre compagnie ne volerait-elle pas demain avec du biocarburant, après-demain avec des carburants de synthèse et après après-demain à l'hydrogène, avec des avions complètement décarbonés ? Nous disposons du potentiel industriel : les meilleurs motoristes et constructeurs d'avions, des alliances industrielles fortes autour d'Airbus, avec l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la Grande-Bretagne, qui souhaitent cette transition industrielle. Cette crise est une opportunité pour être plus ambitieux.

Cela vaut également pour Alstom, nous en avons déjà parlé à de nombreuses reprises. Avec Élisabeth Borne, nous souhaitons impulser la création d'une filière de trains légers, qui pourront être alimentés à l'hydrogène et coûteront moins cher. Tout en contribuant à l'innovation industrielle, ils seront plus sobres en carbone et apporteront une solution économiquement plus efficiente aux collectivités territoriales.

M. Habib a incidemment évoqué la régulation des excès de la mondialisation. Les compagnies aériennes – irlandaises – qui, après avoir joué pendant une dizaine d'années avec les zones grises du droit européen, se proposent de vendre des billets à un euro pour accompagner la reprise dans le cadre d'une stratégie commerciale quasi prédatrice, n'ont pas vraiment compris ce que nous attendons du « monde d'après ». Nous avons un rôle politique majeur à jouer dans la régulation sociale de différents secteurs, notamment celui du transport aérien, qui a bien souffert au cours des dernières années.

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