Nous entendons aujourd'hui M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.
Comment, en effet, ne pas faire le point sur la question de la reprise de l'école devant notre mission de contrôle de l'état d'urgence sanitaire et de la gestion de la crise sanitaire ? C'est un sujet très sensible, qui touche directement les familles françaises et l'ensemble de la communauté éducative. Il soulève des interrogations qui cristallisent des inquiétudes, voire suscitent des polémiques.
Si les établissements scolaires et ceux accueillant les plus jeunes enfants sont fermés depuis près de deux mois, ce n'est pas pour autant que l'école s'est arrêtée. Les professeurs se sont mobilisés et organisés dans l'urgence pour assurer leur enseignement et garantir la continuité pédagogique, avec la volonté jamais démentie de ne pas abandonner leurs élèves. L'ensemble de mes collègues et moi-même, nous voulons leur exprimer notre gratitude, que vous saurez leur transmettre.
À partir du 11 mai, un processus de réouverture des établissements très progressif est organisé : en commençant par les plus jeunes élèves pour lesquels la classe à distance est la plus difficile à organiser ; en rouvrant les classes de façon échelonnée et différenciée selon les zones géographiques ; en respectant les souhaits des parents, puisque l'accueil des élèves se fera, si j'ai bien compris, sur la base du volontariat ; avec une marge de manœuvre laissée aux maires pour décider des conditions de la réouverture dans leur territoire, c'est-à-dire de l'organisation des rythmes scolaires et de l'alternance des groupes d'élèves dans les locaux pour respecter les règles de distanciation physique.
Il reste que les inquiétudes, nombreuses et légitimes, sont là. Pour rassurer élèves, parents, professeurs et l'ensemble des personnels de la communauté éducative, il faut leur apporter toutes les garanties d'organisation pour que ce processus se déroule dans des conditions sécurisées, qui fassent baisser le climat anxiogène.
S'appuyant sur les préconisations du Conseil scientifique du 24 avril relatives aux conditions sanitaires minimales d'accueil dans les établissements scolaires, vous avez présenté un protocole sanitaire de déconfinement scolaire très précis – trop, me dit-on parfois – qui doit aider les acteurs, notamment les élus locaux, dans cette démarche. Sa réussite repose sur la capacité des établissements à l'appliquer. Malgré la limitation des effectifs accueillis, les aménagements des salles de classe, de la circulation dans les établissements et des équipements sanitaires, qui sont nécessaires dans l'immédiat, le seront de façon plus significative dès lors que tous les élèves auront vocation à être accueillis. De la même façon, les opérations quotidiennes de nettoyage et de désinfection régulières, tout comme le contrôle du respect des gestes barrières par les élèves, nécessiteront vraisemblablement un personnel en nombre important ainsi que l'acquisition de matériel sanitaire.
Tous ces impératifs suscitent l'inquiétude des exécutifs locaux quant à leur approvisionnement. Plusieurs mairies ont d'ores et déjà indiqué que le respect de ces conditions sanitaires ne pourrait être assuré dans l'ensemble des établissements de leur commune. La réduction des effectifs de chaque classe pose également la question de l'organisation du travail des enseignants, puisqu'ils pourront être amenés à assurer parallèlement l'enseignement à distance pour nombre d'élèves. Certains m'ont écrit pour me demander comment ils pourraient faire et la classe, et la classe à distance.