Monsieur le ministre, vous justifiez la réouverture des établissements scolaires par un argument d'ordre social : il s'agit de freiner le creusement des inégalités scolaires et d'endiguer le décrochage. Or vos objectifs, me semble-t-il, obéissent davantage à une priorité économique. Pourquoi, sinon, faire le choix de la responsabilisation des parents en instaurant une rentrée sur la base du volontariat et en les renvoyant de fait à leurs difficultés financières et sociales ?
L'obligation d'instruction incombe d'abord à l'État. Elle vise à assurer l'égalité ; elle n'est pas un moyen de pression pour ramener les parents sur le chemin du travail. Si votre objectif est social, comment accorderez-vous la priorité aux élèves connaissant des difficultés, afin d'être certain que ce sont bien les enfants en ayant le plus besoin qui retourneront à l'école ?
Dans le contexte anxiogène que nous connaissons, quel accompagnement social et psychologique prévoyez-vous pour ces élèves ? Quels objectifs pédagogiques assignerez-vous aux enseignants, eux qui ne sont ni des assistants sociaux ni des psychologues ? Enfin, si votre objectif est bien social, quel accompagnement effectif des élèves prévoyez-vous d'ici à la rentrée du mois de septembre ? À quelle adaptation des programmes envisagez-vous de procéder pour l'année prochaine afin de combler les inégalités ?