« J'ai fait une dépression avec la crise, et j'ai décroché des cours. »
« Avec mes petits frères et sœurs qui font du bruit, je n'arrive pas à travailler. »
« Avec ma phobie scolaire, j'ai peur d'avoir raté mon bac et de n'avoir aucune chance de l'obtenir. »
« Coincé entre mes deux parents qui se disputent constamment, je ne peux pas suivre tous les cours. »
« Je n'ai pas de wifi chez moi. »
« Avec les E3C (épreuves communes de contrôle continu) annulées, l'oral de français maintenu sans préparation, je ne sais pas si j'aurai mon bac l'année prochaine. On est dans le flou. »
Voilà ce que subissent les lycéens et les lycéennes durant le confinement, en l'absence de votre fameuse continuité pédagogique. Vous avez avancé le chiffre de 4 à 8 % de décrocheurs pendant le confinement ; c'est malheureusement sûrement encore davantage. Le confinement n'a fait qu'exacerber les inégalités déjà existantes, que vous aviez vous-même consolidées, notamment en réformant le baccalauréat et en faisant voter la « loi pour une école de la confiance » – loi qui porte très mal son nom, puisqu'elle a accentué une sélection géographique qui a entraîné une sélection sociale. Vous avez consolidé le système d'éducation à deux vitesses en renforçant les inégalités entre établissements.
Aujourd'hui, les lycéens payent le prix de votre loi : allez-vous tirer des leçons de cette crise ? Allez-vous annuler l'épreuve orale de français pour les élèves de première, comme le demandent des syndicats de professeurs et d'élèves ? Comment maintenir cette épreuve alors que personne ne sait quand les cours reprendront, et qu'une grande partie des textes n'ont pas été étudiés ?
Sous quelle forme sera mis en place le rattrapage du baccalauréat ? Quels seront les critères des membres du jury pour accorder ou refuser le droit de passer le rattrapage ? Des adaptations de Parcoursup sont-elles prévues pour celles et ceux qui passeront leur bac en septembre, ou bien comptez-vous atteindre un nouveau record de « sans fac » à la rentrée 2020 ?
Tant de questions sans réponses ! Nous sommes déjà le 6 mai, et, par votre manque d'organisation, vous laissez les élèves dans le flou. La jeunesse se sent abandonnée.