Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du mercredi 6 mai 2020 à 17h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jean-Michel Blanquer, ministre :

Madame Panot, presque rien, dans la loi sur l'école de la confiance, ne concerne le lycée : vous pouvez lancer des accusations à la volée, mais il est important d'être plus juste dans vos propos. On pourrait entrer dans mille détails –en particulier, des dizaines de milliers de lycéens ont été consultés – mais je ne le ferai pas maintenant.

Les situations que vous avez décrites sont bien réelles. C'est bien pour cela qu'il faut réussir à déconfiner et qu'il faut suivre ces lycéens.

Je commencerai par évoquer le baccalauréat, ce qui me permettra aussi de répondre aux critiques de M. Pancher sur la méthode. Ce qui va se passer a été exposé il y a presque un mois. Dès le début du confinement, j'ai mené une concertation sur ce sujet. La solution que j'ai retenue a été accueillie assez unanimement par les organisations représentatives, que j'avais consultées. Ainsi, les organisations de parents d'élèves étaient favorables au contrôle continu, de même que le Conseil national de la vie lycéenne.

C'est à la lumière de ces concertations que nous avons pris les décisions que j'ai annoncées. Il n'y a là rien de flou. Des jurys d'harmonisation se réuniront dans chaque département. Ils se fonderont sur les notes du contrôle continu. Nous ne savons pas encore s'il y aura une période de présence physique des lycéens au mois de juin ; la circulaire de reprise précise donc que, si les professeurs peuvent noter à partir du 11 mai, seules les notes attribuées aux deux premiers trimestres compteront pour le contrôle continu. Toutefois, les notes attribuées en mai et juin pourront permettre au jury d'apprécier l'assiduité et la motivation des élèves. Nos règles c'est la bienveillance vis-à-vis des lycéens, mais aussi la volonté que le diplôme conserve toute sa valeur.

S'agissant de l'oral de français, nous avons voulu lui conserver la forme d'une épreuve terminale. Nous voulions d'abord indiquer qu'il ne s'agissait en rien pour nous de basculer l'ensemble du baccalauréat vers le contrôle continu, comme votre parti, madame Panot, a pu m'en soupçonner. Conserver ce qui semblait pouvoir l'être, c'était envoyer un signal : nous ne sommes pas en train de généraliser le contrôle continu.

Les conditions sanitaires semblaient – semblent encore – pouvoir être réunies, puisque la distanciation physique est en l'occurrence possible ; par ailleurs, il n'y a pas de note d'oral de français en contrôle continu. C'est enfin un bon signal que nous envoyons aux élèves qui sont en train de travailler sur des textes, pour leur propre bien. Néanmoins, des inconnues demeurent : je le redis, je ferai le point dans quelque temps sur le maintien ou l'abandon de cette épreuve. La décision sera prise en fonction de ce qu'il sera possible de faire en matière d'ouverture des lycées.

Jamais une décision n'a été prise avant la concertation : sur chaque sujet, j'ai eu des vidéoconférences. Je ne connais pas de sujet sur lequel tout le monde est entièrement d'accord. Mais, sur tous, j'ai écouté les organisations représentatives.

J'ai aussi, bien sûr, été attentif à la représentation nationale. On a pu me le reprocher, comme lorsque j'ai très tôt évoqué le déconfinement devant la commission des affaires culturelles : cela me semblait bon de présenter des hypothèses, et de prendre en considération les réactions pour avancer et finir par retenir des solutions à partir des données dont nous disposons comme du débat public.

Monsieur Dharréville, la continuité pédagogique, si bonne soit-elle, et même si elle présente parfois des qualités réelles, n'est évidemment pas l'équivalent du présentiel.

Cette rentrée inédite demandera une préparation spécifique, qui passera notamment par une plus grande personnalisation du parcours de chaque élève et un plus grand accompagnement. Nous allons discuter, réunir des groupes de travail, avancer ensemble –dans un esprit qui vous conviendra, je crois, celui de l'adaptation à la réalité.

Monsieur Pancher, vous avez indiqué que d'après l'Association des maires de France, 60 % des maires hésitaient à rouvrir les écoles. Votre source est sans doute plutôt une personne au sein de l'AMF. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine et dans les jours qui suivront pour voir si ce chiffre se vérifie. Si vous le voulez, nous pouvons parier ensemble que tel ne sera pas le cas.

Madame Lazaar, vous avez raison, 5 à 8 % de décrocheurs, c'est encore trop – même 1 %, ce serait trop. Les pays voisins font moins bien, d'après les premières données dont nous disposons, mais ce n'est pas vraiment le sujet. Parmi les dispositifs de rattrapage figurent, outre le soutien scolaire, les éléments de soutien qui seront conçus pour l'année 2020-2021 et auxquels j'ai fait allusion à l'instant.

Le retour des élèves handicapés à l'école pose des questions particulières, de nature à la fois quantitative et qualitative. Ces derniers font partie des publics prioritaires. Sophie Cluzel et moi-même travaillons beaucoup afin qu'ils puissent être accueillis. Nous comptons sur les institutions médico-sociales que la secrétaire d'État supervise pour participer à la réussite de ce retour, que ce soit dans les institutions spécialisées ou par la mise à disposition de personnels spécialisés dans les établissements scolaires.

Pendant le confinement, nous avons veillé à mettre à disposition, au travers notamment du portail Éduscol, des ressources adaptées à chaque catégorie de handicap. La situation sanitaire pose des problèmes particuliers. Ainsi, le respect de la distanciation physique n'est pas évident, en particulier entre l'AESH et l'élève en situation de handicap. Nous publions des guides sur ces sujets. Ce ne sera pas toujours facile, j'en ai conscience.

S'agissant de l'absence de solution de garde pour leurs enfants, les enseignants appartiennent aux professions prioritaires pour l'accès aux crèches ainsi que pour l'accueil dans les écoles. Si un enseignant ne peut pas, pour les raisons que j'ai mentionnées, être présent à l'école, il assumera ses fonctions pédagogiques par le biais du télétravail – sans doute sera-ce une assez forte proportion. Certains enfants resteront chez eux, tout comme certains enseignants : les seconds pourront ainsi s'occuper des premiers.

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