Je crois que nous avons tous conscience de la complexité de la situation, mais je souhaiterais vous faire part d'une réflexion. Pourquoi n'avez-vous pas choisi, plutôt que le volontariat, une sorte de service minimum scolaire pour la reprise, destinée aux décrocheurs et aux familles sans solution dans l'obligation de retourner au travail ? Le volontariat paraît séduisant sur le papier et non discriminant, mais il est extrêmement incertain et complexe à gérer pour les communes ; j'aurai donc des questions sur son efficacité par rapport aux objectifs que vous avancez. On transfère la responsabilité de décisions lourdes sur les élus locaux, les enseignants et les familles – je crois qu'ils ne s'y dérobent pas – mais on ne leur simplifie pas les choses. Voici un exemple très concret : si l'effectif d'élèves dépasse la capacité d'accueil, qui va refuser des enfants ? S'agira-t-il des enseignants et, si oui, sur quels critères ? Quant à l'organisation du temps scolaire, si on divise les classes par deux, qui encadrera les enfants qui ne seront pas en classe ? Cette mission reviendra-t-elle au périscolaire et, si oui, qui paiera ? Les parents, les communes, ou l'État ? Je viens de recevoir un courriel d'un parent qui me dit son mécontentement, car l'école de sa commune ne rouvre pas le 11 mai conformément aux annonces du Président de la République, mais le 18 mai, et sa colère se dirige évidemment vers le maire.
En ce qui concerne les décrocheurs, j'ai demandé au maire de Valence si les sondages en faveur d'un retour à l'école étaient favorables. Il m'a répondu que c'était précisément dans les quartiers prioritaires que les familles étaient les moins nombreuses à souhaiter remettre leurs enfants à l'école.