Intervention de Jean Castex

Réunion du mardi 12 mai 2020 à 17h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jean Castex :

, coordinateur national à la stratégie de déconfinement. Je décrirai le cadre et les modalités de la mission qui m'a été confiée il y a cinq semaines. J'ai été sollicité par le Premier ministre pour faire des préconisations relatives à la sortie progressive du confinement. Pour cette nouvelle phase de la grave crise que nous traversons, certains principes ont guidé l'accomplissement de ma mission. Je rappelle d'abord que mon rôle de haut fonctionnaire est de faire des propositions au pouvoir politique qui, comme il est normal, dispose. Ensuite, j'ai d'emblée demandé à être détaché de la gestion de la crise pendant le confinement : je devais préparer l'étape suivante et cet exercice d'anticipation supposait de prendre du recul, mais je me tenais évidemment informé quotidiennement de tout ce qui se passait. Que la mission qui m'a été confiée soit interministérielle annonce en soi une nouvelle phase : mon rattachement au Premier ministre indique que si, jusqu'au pic épidémique, les ressorts de la gestion de la crise ont été essentiellement sanitaires, d'autres critères doivent désormais participer des décisions des pouvoirs publics. On traitera d'économie, d'école, de transports, tous sujets qu'il faudra croiser avec les critères sanitaires ; pour que la phase suivante soit atteinte, il faut une approche globale.

Enfin, on ne peut réfléchir sereinement à ces questions sans être en relation étroite avec les pays qui nous sont comparables. Dans une situation extrêmement compliquée et difficile, il n'est pas mauvais de partager doutes et interrogations. La plupart des pays qui nous entourent ont désigné des responsables du déconfinement, aux profils distincts ; ainsi, mon collègue italien s'occupe à la fois du déconfinement et de la relance de l'économie du pays. Quoi qu'il en soit, j'ai noué des contacts avec mes homologues et je les en remercie vivement. Cela m'a permis de connaître les difficultés auxquelles ils devaient faire face et, même si les situations de tous les pays ne sont pas superposables, nous avons pu comprendre les ressorts des décisions que les gouvernements concernés s'apprêtaient à prendre. Certains pays, vous le savez, ont engagé le déconfinement un peu avant nous, d'autres le feront un peu après, mais ces contacts et les informations transmises par nos postes diplomatiques m'ont donné une vision comparative qui a beaucoup servi dans l'exercice qui m'était demandé.

J'ai constitué une équipe d'une quinzaine de personnes seulement car mon objectif n'était pas de se substituer aux administrations existantes. Notre rôle est d'assembler les pièces du puzzle, non d'agir à la place des autres. La gestion de la crise est très compliquée ; y ajouter des institutions nouvelles pourrait être source de blocages et de dysfonctionnements. L'équipe qui m'entoure, très légère, a été choisie par moi seul. Elle comprend des personnes qui ont l'expérience des questions sanitaires et de la gestion publique, dont deux anciens directeurs généraux de la santé qui avaient l'habitude des crises, un ancien préfet, un directeur général de centre hospitalo-universitaire…

J'ai formulé mes propositions au fil du temps, à mesure que le Président de la République et le Premier ministre pouvaient prendre les décisions qui leur incombaient, pour être prêts pour l'échéance du 11 mai, qui n'est qu'une étape parmi celles que nous avons vécues depuis l'apparition de la pandémie. Le confinement a eu l'effet positif de freiner la progression de l'épidémie, mais il a eu aussi de nombreuses conséquences négatives, économiques, psycho-sociales et sanitaires. Il fallait en tenir compte, et se dire que l'on ne pouvait avancer que progressivement – adverbe-clé que l'on entend dans tous les pays voisins sans exception – pour parvenir à la nouvelle étape, fixée au 2 juin. À cette date, nous pourrons tirer les enseignements de cette première phase. Mon rôle actuel est d'accompagner l'évaluation de ce qui se passe et de donner des perspectives aux acteurs socio-économiques.

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