Monsieur Coquerel, le Conseil scientifique a établi les critères, similaires à ceux qu'ont retenus les pays qui nous entourent, permettant de définir la date à laquelle le déconfinement pourrait commencer. Les conditions requises ont été atteintes un peu avant le 8 mai, mais, en raison du long week-end, l'autorité politique a retenu la date du 11 mai. Pour l'école, je pense que l'on a bien fait, dans cette première phase, d'opter pour le volontariat. Je rappelle que l'obligation scolaire ne disparaît pas pour autant et que le service public de l'Éducation nationale continue de s'exercer, comme cela a été le cas pendant toute la durée du confinement. Mais les chiffres du ministère montrent que les élèves en difficulté scolaire ont été plus que d'autres victimes du confinement, et l'on constate que, en raison du volontariat sans doute, les élèves dits « décrocheurs » ne reprennent pas spontanément le chemin de l'école. Le ministère s'est donné pour objectif que, territoire par territoire, on aille chercher ces enfants pour les inciter à revenir le plus possible à l'école ; c'est un des défis de la période qui s'ouvre. Les règles de distanciation obligeant à limiter les flux et donc le nombre d'enfants par classe, des priorités ont été établies : sont concernés les enfants « décrocheurs » et les enfants dont les deux parents ne peuvent télé-travailler. Comme vous l'avez souligné, le choix pédagogique est un critère de première importance.
Vingt plateformes publiques de tests sont opérationnelles, et nous avons aussi sollicité des laboratoires de biologie privés. Nos concitoyens, une fois la prescription faite, pourront se rendre dans 2 380 lieux de prélèvement.
La question des EHPAD est centrale. J'élargis le propos à toutes les personnes atteintes de pathologies qui les rendent particulièrement sensibles au virus et aux personnes très âgées. Le plan du Gouvernement prévoit pour ces publics, et en particulier pour les résidents dans les EHPAD, des campagnes spécifiques de dépistage et, au-delà de l'aspect sanitaire, des mesures visant à rompre leur isolement. Chacun aura apprécié, je pense, le choix fait par le Gouvernement, au contraire de ce qu'ont décidé certains pays, de ne pas imposer le maintien du confinement aux personnes âgées après le 11 mai. Mais des campagnes de sensibilisation expliqueront à ces personnes qu'elles doivent prendre des précautions extrêmes quand elles se déplacent.
Monsieur Dharréville, le plan de déconfinement fait le pari de la confiance maximale. Pour la reprise dans les entreprises, les partenaires sociaux doivent s'impliquer le plus possible dans l'application d'une série de mesures. D'autre part, j'ai beaucoup plaidé en faveur du couple maire-préfet, c'est-à-dire pour une mise en œuvre des dispositions au plus près de la population à chaque fois qu'elle est possible, en privilégiant ce qui peut donner lieu à délibération – au sujet des masques, par exemple.
On peut considérer qu'à la mi-juin la question des masques sera résolue sur le plan quantitatif. À titre personnel, je pense que l'État ne doit fournir des masques gratuits qu'à ceux qui en ont besoin pour des raisons pécuniaires ou médicales et, pour le reste, utiliser les moyens de régulation dont il dispose pour veiller à ce que nul ne profite de la rareté les masques pour se livrer à des pratiques commerciales anormales. Les pouvoirs publics ont agi sur le taux de TVA et fixé administrativement le prix des masques chirurgicaux en vente. Aussi longtemps que la rareté durera, l'État se préoccupe légitimement de l'égal accès de nos concitoyens aux masques, outils de lutte contre la pandémie, dont les pouvoirs publics ont rendu le port obligatoire dans les transports publics.
Il faudra en effet trouver un moyen d'associer les élus locaux au plan de déconfinement. Le Président de la République a souhaité l'envoi aux préfets de département des instructions visant à assurer, pour l'ensemble des volets territorialisés du dispositif de déconfinement, la concertation la plus large avec les élus locaux et nationaux. Mais cela ne réussira que s'il y a une mobilisation nationale, si le maximum de nos concitoyens s'impliquent dans les cellules territoriales d'appui pour accompagner les personnes diagnostiquées positives et qu'il faudra isoler. La Croix-Rouge n'est pas la seule association habituée à ce type de soutien, et les fonctionnaires des centres communaux d'action sociale ou des services départementaux, comme les citoyens qui se sont engagés dans la réserve volontaire participeront à cet effort commun. Il faut faire de la lutte contre la pandémie l'occasion d'un engagement collectif matérialisant la solidarité entre nos concitoyens.